"Venez voir" la guerre en Ukraine… C’est l’appel de Zelensky à Trump. Une invitation diffusée dans une interview enregistrée avant l’attaque russe de Soumy du dimanche 13 avril. Un appel encore plus audible face à l’indignation.
"L'on m'a dit qu'ils ont fait une erreur. Mais je pense que c'est une chose horrible." C’est une partie de la brève réaction de Donald Trump après l’attaque russe au missile balistique sur la ville ukrainienne de Soumy le 13 avril 2024. Une double attaque, le 2e missile ayant touché le même quartier que le 1er alors que les opérations de secours étaient déjà en cours. Au moins 34 personnes ont été tuées, dont 2 enfants, et au moins 117 ont été blessés, dont 15 enfants. Des civils qui, pour la plupart, fêtaient le dimanche des Rameaux dans cette ville proche de la frontière russe et de Koursk. Une frappe qui indigne le monde et qui poussera sans doute l’Ukraine à des ripostes. On est loin d’un cessez-le-feu malgré les promesses de Poutine et Trump.
Horrible
L’émissaire spécial des États-Unis pour l’Ukraine et la Russie, Keith Kellogg, a jugé la frappe "inacceptable". Sans incriminer la Russie, Brian Hughes, le porte-parole de la NSC (Conseil de sécurité nationale des USA) a précisé que "l'attaque de missile à Soumy constitue un rappel clair et brutal de la raison pour laquelle les efforts du président Donald Trump visant à essayer de mettre fin à cette terrible guerre surviennent à un moment crucial". Une relative mollesse par rapport aux réactions d’autres pays et à la condamnation quasi unanime de cette attaque. Ainsi, António Guterres, le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU) s'est dit "profondément alarmé" et "sous le choc". La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a jugé l'attaque russe de Soumy de "barbare". Frédéric Merz, qui sera a priori le futur chancelier allemand, n’a pas pris de gants : "C’est un crime de guerre grave, délibéré et voulu." En Italie, Giorgia Meloni s’est indignée face à cette attaque "horrible et lâche".
France et Royaume-Uni
Alors que la France et Royaume-Uni mènent une opération aéronavale d’entraînement en mer Noire, plates-bandes de Poutine, le président français Emmanuel Macron n’a pas mâché ses mots : "Cette guerre, chacun sait que c’est la Russie, seule, qui l’a voulue. Aujourd’hui, il est clair que c’est la Russie qui, seule, choisit de la poursuivre". Il veut désormais "des mesures fortes". Du côté britannique, le Premier ministre Keir Starmer s’est déclaré "consterné". Cela reflète l’indignation des pays européens alliés de l’Ukraine. Une Europe dans laquelle même le Royaume-Uni semble de plus en plus se reconnaître face à Poutine. Ce qui explique le rapprochement militaire et les exercices actuels entre les forces militaires françaises et britanniques alors que les États-Unis semblent vouloir rapatrier une partie de leurs troupes otaniennes du sol européen, en particulier en Pologne !
Venez !
Le manque d’appui franc de Donald Trump pour défendre l’Ukraine et son envie d’en faire un deal commercial irritent de plus en plus. Pourtant, Volodymyr Zelensky ne rompt pas le dialogue. Toutefois, il veut plus d’arguments dans son jeu en invitant le locataire de la Maison-Blanche à venir en Ukraine. Une invitation qu’il a lancée sur la télé CBS dans une interview diffusée dimanche, mais enregistrée avant l’attaque de Soumy. Néanmoins, ses paroles résonnent d’autant plus maintenant. Il a ainsi laissé entendre que Donald Trump avait une vision biaisée de la situation ukrainienne : "Nous voulons que vous veniez voir. Vous pensez que vous comprenez ce qui se passe ici. Très bien, nous respectons votre décision. […] Mais s’il vous plaît, avant de prendre toute décision, avant toute forme de négociation, venez voir les gens, les civils, les combattants, les hôpitaux, les églises, les enfants, détruits ou morts. Venez, voyez et ensuite avançons avec un plan pour mettre fin à la guerre." Il dira encore : "Vous comprendrez ce que Poutine a fait" en rappelant que le chef du Kremlin n’est pas "digne de confiance".
(Olivier Duquesne – Sources : Le Soir, Le Monde & RTBF avec AFP – Picture : © picture alliance / newscom | Ukrainian Emergency Service)
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