Nissan a mis au point une solution hybride peu conventionnelle où seul le moteur électrique entraîne les roues. Une sorte d’électrique à prolongateur d’autonomie. Et justement, en parlant d’autonomie, cela donne quoi sur 1000 km ?
Direction le Danemark et les vikings de Ribe à environ 800 km de Bruxelles pour un essai longue portée de la Nissan Qashqhai e-Power. Qashqai a été le coup de génie marketing de Nissan avec la 1re génération, née en 2007, qui a littéralement lancé la mode des "crossovers", des SUV moins ostentatoires qui n’osaient pas faire partie de cette catégorie. Cette 3e génération est cataloguée SUV compact. Les temps changent… Son facelift d’avril 2024 a modernisé sa proue avec une calandre hexagonale plus agressive pour casser une ligne classique mise en lumière par des diodes et des animations séquentielles. Sous le capot, Nissan a renoncé au Diesel. Il y a les deux solutions 1.3 l essence à microhybridation de 140 ch et de 158 ch ou celle que j’ai testée au pays des Lego : la Nissan e-Power de 190 ch. Pour cette dernière, ce qui l’anime, ce sont des chevaux électriques qui n’ont pas besoin de prise !
Centrale à domicile
Les roues avant de la Qashqai e-Power sont entraînées uniquement par le moteur électrique. Lequel s’alimente avec une batterie de 1,9 kWh seulement. Et pour ne pas devoir borner tous les 2 km, le truc c’est le 1.5 l essence de 158 ch à ses côtés. Un moteur à combustion interne qui se contente de tourner pour faire du courant électrique sans avoir besoin de brancher la voiture sur une prise. Il suffit de faire le plein quand le réservoir est vide pour ravoir de l'électricité. Voilà résumée la technologie made in Nissan. L’avantage d’utiliser le moteur électrique, c’est de profiter d’un couple de 330 Nm immédiat et de 190 ch de puissance (140 kW) sans boîte de vitesse. Le désavantage est que fiscalement, elle peut être considérée comme une hybride de 116 kW (158 ch).
Dans l’habitacle, le silence est omniprésent en ville. Sur la route, le bloc thermique ronronne calmement comme un vieux chat au coin du feu. Le matou se réveille un peu plus lors des grosses accélérations. En tout cas, l’insonorisation du moteur essence est remarquable. Au point qu’on est plus gêné par le vent qui siffle à grande vitesse sur l’autoroute que par le 3-cylindres.
L’autoroute
Le problème des voitures électriques, c’est leur consommation sur autoroute. Contrairement à un moteur à combustion interne qui aime garder le même rythme et peut donc se montrer plutôt sobre à vitesse constante sur autoroute, le besoin électrique à plus de 100 km/h est énergivore avec les ions en mode sprint. Et comme entre la Belgique et le Danemark, il y a l’Allemagne, on va pousser la Nissan dans ses retranchements. Sur le papier, sa vitesse de pointe est de 170 km/h. Sur un tronçon non limité déserté, on l’a poussée jusqu’au bout : 182 km/h compteur.
Pour le reste, lorsque je voyais le fameux panneau blanc n’imposant aucune vitesse maximale sur l’Autobahn, je me suis généralement contenté du 160 km/h sur régulateur. Et là, la moyenne sur les 1000 km avalés en Allemagne durant le trip aller-retour est de l’ordre de 7,5 l/100 km avec, on a eu de la chance avec le trafic, au moins 350 km "à fond, à fond, à fond", euh non pardon, à 160. Mais à d’autres moments, la Qashqai e-Power a démontré l’intérêt de son hybridation avec, je vous le tease déjà, la possibilité de se caler sur la consommation officielle WLTP de 5,2 l/100 km.
Du sable et du billard
Conduire au Danemark est un plaisir. C’est aussi nickel que les Pays-Bas, mais moins tordu au niveau des limitations de vitesse, c’est aussi propre qu’en Suisse, mais avec plus de coolitude. Un parcours mixte avec la philosophie Danevang mixtant l’autoroute à 130 (parfois 110), les nationales à 80 (70/60) et les villes à 50 avec très peu de zones 30, et une zone 40, s’est soldé par une consommation de 5,4 l/100 km. Et parmi les zones 30 lors de notre road-trip, il y en avait une d’épatante : une route sur plage sur l’île de Rømø. La mer étant tellement loin des dunes, qu’il fallait rouler sur le sable avec sa voiture pour atteindre le "parking" à quelques pas de l'eau. Une expérience qui a permis de voir qu’en étant vigilant au type de surface, la Nissan malgré ses 2 roues motrices ne rechignait pas à sortir des sentiers battus. Par contre, l’Allemand ensablé a dû le regretter avec sa voiture made in Germany.
Il y a toutefois un agacement à bord de la Quashqai. Avec la mise à jour, Nissan a dû la doter des derniers équipements d’aides à la conduite "obligatoires". Or, le maintien de voie, même désactivé, a tendance à en faire de trop. Cette aide m’a même rejeté sur la bande de droite alors que je voulais m’insérer sur la bande centrale à l’approche d’un carrefour multidirectionnel. Sa hantise ? Un véhicule sur la bande de gauche, plus rapide, se préparant, lui, à tourner à gauche au croisement à venir. Je peux aussi parler des résistances au volant lors des virages qui empêchent de prendre la courbe correctement à mes yeux.
Cette intrusion dans le style de conduite a un peu terni le sentiment de sérénité au volant sur les routes sinueuses des Svanninge Bjerge, les "Alpes de Fionie" culminant à l'altitude de... 128 m (oh, c’est le Danemark, les gars !). Le couple électrique donne du tonus en accélération. La direction est souple et précise. Quant au choix du mode de conduite : Eco, Standard et Sport. Le Sport permet d'avoir de meilleures sensations d'accélération. Et l'Eco de se donner bonne conscience. Roulez donc en Standard.
Même pas fatigué
Les sièges assurent un parfait maintien. Le dos n’a souffert qu’en toute fin de parcours, mais un bouton permet de moduler la dureté du dossier pour compenser. Parfait. Là où la Nissan tire nettement son épingle du jeu, c’est donc pour son confort général. Les suspensions ne sont pas paresseuses malgré les 20 pouces de notre finition N-Design.
La voiture est vraiment plaisante à manier au quotidien, dans une ambiance remarquable avec de l’Alcantara à divers endroits. On en a pour son argent au niveau de la finition et des matériaux. L’ergonomie est également optimale. Du tactile quand il faut, des boutons là où c’est indispensable : climatisation, volume, morceau suivant, luminosité et éclairage d’ambiance. Un bouton sur le volant permet aussi de lancer le régulateur actif et de le paramétrer. En outre, la vision à 360° Around View affiche des images de qualité pour les manœuvres et la marche arrière.
Par ailleurs, le SUV ne manque pas d’espaces de rangement, de taille suffisante. Par contre, malgré une forme accueillante et de la place pour les jambes, la banquette arrière n’est pas coulissante. Dans le coffre, il y a 2 coffres de rangement sur les côtés et un faux plancher. Toutefois, la modularité n’est pas exceptionnelle. Juste ce qu’il faut, comme dans un drakkar. En tout cas, il y a toute la place pour un week-end à 2, 3 ou 4. Vous pourrez même revenir avec un casque viking, du miel et quelques plats en céramique achetés en bord de route, une boîte de Légo, un 33 T vinyle d'Amanda Lear trouvé en brocante et quelques bouteilles de la fameuse "øl" et du non moins célèbre "akvavit" interdits de consommation avant de prendre le volant. Certes, ce sera toutefois plus compliqué avec une poussette à caser. Mais au moins, il n’y a pas de câble à recharge qui gêne, puisqu’on le rappelle, l’e-Power c’est une voiture électrique… à essence.
Combien ça coûte ?
Autant la Nissan Qashqai essence microhybride de 140 ch est abordable, pour une voiture de 4,43 m de long, à 36.190 € en Belgique, autant la version e-Power de 190 ch est incontestablement haut de gamme : à partir de 43.340 € pour la N-Connecta. Pour la finition N-Design de cet essai avec la carrosserie bicolore, l’Acantara, le connect pack avec vue panoramique par caméras et le système d’infodivertissement avec écran de 12,3 pouces, cela commence à 46.140 €. Ensuite, pour retrouver la même voiture que sur les photos, il faut ajouter le pack avec les sièges électriques et à soutien lombaire, le toit panoramique et le pack pour le chauffage des sièges et au volant (très utile au petit matin au Danemark). Et là, niveau tarifaire, c’est une vraie voiture électrique : 48.590 € (prix belges). Mais, après plus de 700 km, cela prend 5 minutes pour repartir.
En France, Nissan propose le Qashqai à moins de 30.000 € en entrée de gamme pour un achat en ligne (34.700 € en concession). La N-Design e-Power avec toit panoramique, mais sans les sièges électriques est à 45.400 € (40.000 € en ligne) ! En Suisse, la fourchette va de 38.390 CHF pour l’Acenta de 140 ch à 51.690 CHF pour la N-Design e-Power de 190 ch.
Merci à Emily’s Garden à Lintrup pour l’accueil et pour le décor de certaines des photos.
(Olivier Duquesne – Source : Nissan – Pictures : © Olivier Duquesne – Nissan)
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