Le SUV électrique 7 places Volvo EX90 en stress test de long trajet

Parmi les modèles électriques, le Volvo EX90 est un grand SUV à 7 places. Un colosse avec une énorme batterie pour ne pas devoir s’abreuver d’électricité à chaque borne. Et justement, si on l’emmenait pour un week-end au centre de la France…

Véritable vaisseau amiral de la gamme électrique de Volvo, l’EX90 en impose. Les regards se détournent, souvent d’admiration tout autant d’étonnement. Qu’est-ce donc que cette grande voiture silencieuse de 5,04 m ? Un engin de 2,8 tonnes propulsé par un duo de moteurs. Sa puissance maximale est de 408 ch (300 kW) pour un couple dantesque de 770 Nm. Avec ses 4 roues motrices, en écrasant le champignon, le SUV passe de 0 à 100 km/h en 5,9 s. De quoi s’élancer facilement après la barrière de péage.

Sur autoroute, l’EX90 est sereine et royale. Véritable palais roulant, dans sa finition Ultra, la Suédoise absorbe les irrégularités avec insolence. Un programme de massages conforte le conducteur et son passager. Il y a même des sièges chauffants pour deux passagers à l’arrière. Presque toute la famille peut profiter d’un confort de paquebot. Même s’il faut penser à laisser la 3e rangée aux plus petits, sans quoi la tête fait vite connaissance avec le plafond. Ils doivent être souples aussi pour accéder dans leur petite alcôve.

Du coffre

En configuration à 7 places, la Volvo EX90 n’offre que 310 l de coffre sous la toile du couvre-bagages. C’est assez pour quelques bagages. Toutefois, une valise cabine doit se positionner perpendiculairement, sinon le hayon refuse de se fermer. Il y a également un coffre à l’avant, un frunk de 37 l, pour ranger les câbles. Rabattre la 3e rangée de sièges est tout simple : un bouton dans le coffre permet de faire l’opération électriquement. Ce panneau de commande permet aussi de baisser ou de relever la caisse pour les charges lourdes. Malheureusement, pour les vacances à moins de 6, le couvre-bagages de série ne permet pas de cacher les bagages sur les sièges de 3e rang repliés. Ou alors, il faut prendre celui en accessoire pour éviter les convoitises des rodeurs. Les sièges de 2e rangée sont coulissants.

En configuration cargo, le volume total de chargement est de 1915 l. De quoi offrir énormément de cadeaux pour nos hôtes, ou de revenir avec une grande panoplie de souvenirs. Plus prosaïquement, les espaces de rangement dans l’habitacle sont suffisants pour se vider les poches et partir avec tout le nécessaire à portée de main. Ah oui ! Pour ouvrir la boîte à gants, il faut passer par l’écran central vertical de 14,5 pouces. Heureusement, il y a un petit écran horizontal derrière le volant pour surveiller sa conduite, en plus de l’affichage tête haute. Les yeux peuvent rester fixés loin devant.

Route de nuit

La voiture est prête à partir dès qu’elle détecte la "clé" numérique (Key tag), la carte ou le smartphone enregistré. La commande de la transmission est à droite du volant. C’est elle aussi qui va actionner le cruise control, ou le mettre sur pause. Ensuite, le régulateur de vitesse actif se règle avec les boutons au volant. Étrangement, la fonction Resume pour retrouver la dernière vitesse enregistrée ne fonctionne pas sur l’EX90. Malgré la présence du symbole ad hoc ! Un petit tour sur le manuel de l'utilisateur accessible via l'écran a confirmé cette bizarrerie.

Le système ADAS de Volvo a connu un bug. Après une manœuvre désastreuse d’un camping-car, et agissant en même temps que mes réflexes, le cruise control n’a plus voulu se réactiver. En fait, un tas de systèmes d’aides à la conduite se sont mis en grève. La sieste après le trajet nocturne a permis à la voiture de faire son check pour se remettre en état. En gros, jusqu’à notre destination, nous avons dû rouler à l’ancienne : sans régulateur et sans aide à l’angle mort. D’autres aides à la conduite étaient également HS. Mais ce sont ces deux-là qui m’ont surtout manqué durant le parcours de nuit.

Heureusement, les phares automatiques fonctionnaient toujours. Ils éclairent souvent la signalisation pour que l’on sache bien la distinguer. Pas de brume, de fumée ou de brouillard durant notre périple vers l’Aveyron, dans le centre de la France. Heureusement ! Car pour allumer l’antibrouillard, il faut faire deux opérations via l’écran… Stupidement dangereux !

Autonomie

Avec 107 kWh de capacité utile, la batterie de 111 kWh a de quoi voir venir. En ayant chargé l’engin à 100 % après un premier tronçon autoroutier pour caler la consommation avec mon style de conduite, l’autonomie annoncée est de 400 km. Cela va se confirmer. Il faut estimer qu’avec 80 %, il est possible de rouler durant 305 km. Donc, pour être tranquille durant un peu plus de 2 heures à 130 km/h, une charge à 85 % suffit amplement. La consommation à vitesse constante sur autoroute est de 27 kWh/100 km. Tout cela sous des températures de l’air de plus de 25 °C avec l’air conditionné à bord fixé à 22 °C. La climatisation fonctionne avec une pompe à chaleur. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle pour l’hiver. Saison où l’EX90 sera sans doute plus gourmande. Pour l’anecdote, la voiture était équipée de pneus hiver de 22 pouces.

En sortant de l’autoroute A75 à Saint-Flour, la recharge quasi maximale était nécessaire. Car après, ce sera une autre paire de manches. Vu qu’il s’agit d’un jour rouge pour Bison futé à l’aller, nous étions les derniers à pouvoir nous brancher. Le prochain EV a dû attendre son tour à ce parc à bornes sans service. Au retour, en semaine, pour faire le plein avant de remonter sur l’autoroute, il n’y avait plus personne. Durant notre road trip, une fois cœur de l’Aveyron, entre Laguiole et Espalion, les bornes rapides sont rares. Il fallait donc espérer des équipements de 50 kW qui fonctionnent. Une mauvaise surprise de ce style nous a montré qu’il était prudent d’anticiper.

À chaque arrêt restaurant ou visite permettant de se brancher, même à 11 kW en AC, il fallait en profiter. Finalement, nous n’avons jamais atteint la zone rouge sous les 10 %. Sur les bornes rapides DC, la Volvo EX90 accepte jusqu’à 250 kW de puissance, malgré sa technologie 400 V. Avec la batterie bien vidée, on a atteint un pic de 230 kW lors d’une charge. Souvent, en moins de 35 minutes, la voiture était à plus de 80 %. Elle nous a même fait la surprise d’un 100 % sur une aire autoroutière après un repas insipide. Attention : à la maison ou sur une borne murale de 11 kW, l'EX90 se rechargera patiemment en 11h30 !

Maligne sous conditions

La navigation Google Maps calcule l’itinéraire en tenant compte des charges et guide d’office le véhicule vers une borne d'étape quand la capacité de batterie estimée passera sous les 10 %. Si on recharge avant, la navigation opte pour garder la même borne suivante ou pour en définir une autre. Notez que, pour profiter pleinement du système d’infodivertissement Android Automotive (le suffixe "motive" est important), avec des apps comme Waze, Spotify ou TuneIn, il faut se connecter à un compte privé Google Gmail (pas compatible avec un compte pro Workspace). Seul l’appairage Apple Car Play est disponible, pas celui d'Android Auto. Dès lors, pas de lecture des messages WhatsApp avec la voiture avec un smartphone Android.

L’ambiance zen à bord, avec des matériaux recyclés, n’empêche pas le colosse d’être dynamique, à condition de régler la direction en mode Sport. Sinon, c’est un peu mièvre comme gouvernail. La Volvo se montre néanmoins agile avec peu de roulis. Sur les petites routes du Cantal et de l’Aveyron, l’EX90 se mène facilement. Elle est vive en sortie de courbe, sans perdre en prestance. Il faut évidemment être prêts à freiner et à se glisser sur le bord de la voirie à l’approche d’un véhicule en sens inverse.

La conduite One Pedal, se (dés)activant avec un raccourci sur l’écran, est bien calibrée. Elle aide en conduite anticipative et trouve la bonne décélération. Bref, elle apporte du frein moteur et de l’inertie à bon escient. Ce qui évite d’user les (bons) freins pour ralentir ce gros véhicule en roues libres. Les suspensions sont redoutablement efficaces. Ça, c’est plus en Belgique que nous avons pu le constater, sur un pavé casse-vélos. En Aveyron, les départementales étaient bien entretenues. Les quelques ondulations de la chaussée ne perturbaient pas le caractère de gentleman du carrosse.

Du plaisir

Dans les paysages lunaires et époustouflants des monts de l’Aubrac, le promontoire du SUV est extraordinaire pour profiter du spectacle en laissant défiler le décor et repérer les burons et curiosités locales dans de superbes sièges en laines mélangées couleur zinc. Le toit panoramique apporte aussi de la lumière dans cette capsule rassurante. Le silence est roi. Mais les mélomanes peuvent vraiment se faire plaisir. Le système audio Bowers & Wiggins High Fidelity nous plonge dans un univers sonore incroyable. Surtout avec la solution Abbey Road. C’est incroyable.

Même les commentateurs du Tour de France sur RMC semblent au milieu d’une salle de concert ou d'un studio de répétition. De suite, l’épopée cycliste invite à trouver une borne près d’un bar pour suivre le reste de l’étape de visu sur un écran. Car, au-delà d’une autonomie vraiment adaptée à de longs trajets (avec un budget recharge rapide à la hauteur de la taille de la batterie), ce que je retiendrai de cette Volvo EX90, c’est le sentiment de sérénité à son bord. Du premium savoureux et efficace. Dommage toutefois que le conducteur ne puisse pas ouvrir les vitres arrière. Il n’y a pas de bouton pour cela de son côté !

Les prix

Vous vous doutez bien que Volvo ne brade pas l’EX90. Le modèle avec la "petite" batterie de 104 kWh avec un seul moteur (205 kW – 279 ch) entraînant les roues arrière coûte déjà 86.320 € en Belgique. Mais, même cette version de base est conçue pour faire de bons relais sur autoroute. Mais pour pouvoir activer les 4 roues motrices, la variante Twin Motor de (300 kW - 408 ch) avec 111 kWh comme notre modèle débute à 93.020 €. Il existe aussi une variante Performance de 380 kW (517 ch) à partir de 102.620 € ! Mais revenons à la Twin Motor Ultra de 200 kW de notre essai. Avec ses équipements, dont l’audio Bowers & Wilkins High Fidelity, les sièges en laines mélangées, la suspension active et les jantes de 22 pouces, elle se négocie à 115.585 € (116.130 € avec les pneus hiver).

 n France, le modèle de base Single Motor Start débute à 89.500 €. Pour la variante Twin Motor Ultra avec plus ou moins les mêmes équipements que notre modèle d’essai, il faut compter 115.530 € en France. Pour les Suisses, les tarifs débutent à 94.950 CHF en Single Motor pour atteindre 128.850 CHF dans une configuration similaire à celle de notre essai. Aux Pays-Bas, l’EX90 Single Motor coûte 83.500 € contre 118.535 € en Twin Motor Ultra avec les packs et options de notre modèle. À titre d’information, en Allemagne, un EX90 Single Motor coûte au moins 83.700 € contre 91.700 € en Twin Motor 200 kW (sans les options du modèle essayé). Au Royaume-Uni, les prix sont respectivement de 82.660 £ et 89.560 £.

(Olivier Duquesne – Source : Volvo Cars – Photos : © Olivier Duquesne)