

Ne le cachons pas, la Fiat Grand Panda électrique n’est pas un as de l’autonomie. Pour profiter de son design cubique en vacances, il y a maintenant la variante hybride (en réalité à hybridation douce 48 V). Et justement, si on allait à Turin, maison natale de Fiat, au départ de Bruxelles, par la Suisse avec cette Grande Panda Ibrida ?

Pneus hiver sur les roues, vignettes commandées en ligne, badge de télépéage collé au pare-brise, la Fiat Grande Panda Hybrid (ou Ibrida) est prête pour un trip de fin novembre entre Belgique et Italie via le tunnel du Gothard. A priori, se lancer ainsi dans un voyage de 1000 km à bord d’une citadine n’est pas forcément vu d’un bon œil. J’ai eu droit à quelques plaisanteries lors d’une réunion. C’est vrai, on le ferait plus volontiers à bord d’un break ou d’une berline premium ou d’un SUV haut de gamme. D’autant plus que la météo pour notre départ en plein après-midi était épouvantable : pluie à gros paquets d’eau. Et pas qu’en Belgique (médisants).

GPS zézayant
Un gros embouteillage au Luxembourg a forcé Google Maps à anticiper le chaos en nous envoyant par l’Allemagne via Liège et Sarrebruck. Utiliser la projection Android Auto nous a éloigné d'un risque de fou rire continu. En effet, la navigation intégrée de cette Fiat a un léger défaut de prononciation. Un cheveu sur la langue. Avec les villes alsaciennes, c’est à se tordre. C’est donc essentiellement avec l’appairage – et un forfait 5G pour la Suisse – que nous nous laisserons finalement guidés. Mais pas avant d’avoir désactivé les alertes ADAS en laissant le doigt quelques secondes sur le bouton ad hoc au pied de la console. Le meilleur bouton du monde de l’univers des conducteurs avisés.

Heureusement pour cette "descente" débutée en pleine journée, on s’est réservé une nuit en Alsace. Car notre rendez-vous à Turin, c’est pour 14h le lendemain. En repartant de Mulhouse vers 7h, ça va le faire. D’autant qu’arriver avant 10h31 est synonyme d’amende pour pénétration de ZTL turinoise. Nous évitons aussi un trajet nocturne compliqué et éprouvant avec cette météo pourrie. D’autant qu’un défaut saute aux yeux dès la tombée de la nuit. Les feux de croisement LED de la Grande Panda n’ont pas une portée exceptionnelle. Et la gestion automatique des grands phares ressemble parfois à celle d’un mauvais DJ trop excité sur le bouton de son stroboscope. Le retour, lui par contre, se fera d’une traite depuis l’Italie dès le matin.

Bien que seul à bord, j’ai décidé de tester le coffre avec deux valises cabine et un petit sac. Tout rentre sans problème dans l’espace cubique de la Grande Panda. Il restait même de la place sous le couvre-bagages. En effet, son volume est de 412 l dans cette version microhybride, soit 51 l de plus que la variante électrique. Si ça, ce n’est pas une invitation au voyage ! Et s’il avait fallu transporter des tas de trucs, en rabattant la banquette, le volume atteint alors 1366 l. Pas mal pour une « citadine », laquelle ne manque pas de rangements à bord. Petit bonus même dans l’habitacle avec une petite « boîte à gants » supplémentaire, la Bambox. Elle a le ventre pour cacher une gourde et quelques petites affaires.

Dos pas tordu
Mon dos est mon baromètre de confort. À bord de certaines berlines puissantes premium, il se rappelle à moi après quelques heures de route (ou après quelques minutes de karting). La Fiat Grande Panda avait donc intérêt à bien se tenir pour éviter de froisser mes vertèbres. Mission réussie. Son siège, un peu dur au séant au premier abord, a parfaitement tenu son rôle. Même après 10 h sur la route, je n’avais ni douleurs, ni l’impression d’avoir atteint le 4e âge. Seule la fatigue, surtout après les parties dans l’obscurité et sous les averses de pluie et de neige, me rappelle que je suis un fossile qui a eu 20 ans au XXe siècle.

Sous le soleil piémontais ou tessinois, le parcours a pris une tournure de road trip confortable. Les suspensions de la Grande Panda font le job. Parfois, certains raccords et fissures sont mal absorbés. En fait, la Fiat est bien tassée sur la route. Cela permet de bien la sentir. C’est donc essentiellement au siège que l’on doit la bonne santé dorsale.

Sa puissance totale de 110 ch est issue du moteur 1.2 l de 100 ch et du moteur électrique de 21 kW (28 ch). Ce dernier ne tient pas très longtemps (batterie Li-Ion 48 V de 0,9 kWh). Dès lors, même dans les bouchons, la petite Italienne peut se réveiller en vibrant et en ronflant. Signes du réveil du 3-cylindres. Par contre, l’électromoteur intégré à la boîte robotisée eDCT donne de bons petits coups de pouce quand il faut cravacher un peu.

Autostrada et Autobahn
Les spécifications peuvent prêter à sourire avec son 0 à 100 km/h en 10 s. Honnêtement, ce n’est pas non plus le calvaire. Oui, la Fiat Grande Panda ne fait pas le poids face aux grosses cylindrées. Mais ce n’est pas une punition de rouler sur autoroute à 120 km/h ou 130 km/h avec elle. Elle a pu laisser tourner assez souvent ses roues sur la 3e bande de la Serenissima A4.

Une brève accalmie météo sur un tronçon sans limite sur Autobahn m’a permis de la pousser à 150 km/h (vitesse maxi de cette Fiat : 160 km/h). Moralité, j’ai préféré redescendre à 140 km/h, c’est moins bruyant et moins physique.

Sur les petites routes vallonnées, l’hybridation compense un peu le manque de souffle. Néanmoins, les rétrogradations de la boîte eDCT à 6 rapports (sans possibilité de conduite manuelle) s’accompagnent d’un râle du Puretech nouvelle génération. En ville, son gabarit et son agilité sont un vrai plus pour l’agrément. Elle n'a pas peur non plus des petites routes et des chemins secs. Et quand on s’aventure dans les petits villages ou les petites rues italiennes, elle s’y sent vraiment à l’aise. La direction permet de mener la Grande Panda sans mauvaise surprise. L’Italienne évite le roulis excessif. Le freinage est à l’avenant, avec une bonne conduite de pédale sous le pied.

Malgré les 2000 km d’autoroute, les bouchons, la traversée de Turin et les quelques expériences au pied des Alpes, la consommation a affiché une moyenne de 5,8 l/100 km. Il y a moyen de faire mieux sur les trajets au quotidien. Mais grâce à ses 44 l d’essence, elle peut assurer sans problème des relais de plus de 700 km.

Les mystères de Turin
Mais il y a un truc que je ne m’explique pas et qui, pour tout dire, m’a profondément agacé. Pourquoi n’est-il pas possible d’utiliser le régulateur de vitesse sous les 40 km/h ? Les longs boulevards limités à 30 km/h, tout comme une traversée de village en zone 30, seraient moins pénibles avec le pied au repos et même plus sûrs pour les usagers faibles avec le pied déjà au-dessus du frein. Non, il faut rouler à 40 km/h au minimum pour faire ça. C’est complètement c##. Surtout que le 30 km/h pullule de plus en plus, et pas que dans les grandes villes.

Pour le reste, je me m’offusque pas outre mesure de l’absence de démarrage clé en main et de certains plastiques. C’est une voiture pour les budgets limités après tout. Malgré tout c’est soigné avec le tissu durable à base de bambou Bamboo Fiber Tex® sur la planche de bord, de jolies couleurs (si on aime le jaune ici en l’occurrence) et même de petites surprises dans le décor (cherchez vous verrez). En prime, l’habitabilité vous autorise à emmener des potes ou vos enfants. Et partir à 4 pour un voyage en Italie ?

Économique ?
Fiat a compris qu’il ne fallait pas tirer sur la corde de la bourse familiale. Il y a déjà une Fiat Grande Panda essence de 100 ch avec boîte manuelle, à partir de 15.990 €. En mode hybride, il faut débourser 18.990 €, en Belgique en décembre 2025, pour la Grande Panda Hybrid Pop sans écran central, mais avec support pour smartphone et six airbags. C’est bien, sous les 20.000 €.

Pour notre essai, nous avions la Fiat Grande Panda La Prima avec, entre autres, les feux LED, le régulateur de vitesse, l’écran central de 10,25 pouces (en plus du combiné de série de 10 pouces), les barres de toit, les jantes en alliage de 17 pouces, la climatisation automatique, la caméra de recul, etc., à partir de 23.690 €. Dans cette finition, la couleur jaune Limone est fournie d’office. Il faut aussi ajouter le pack hiver de 500 €. Soit un total de 24.190 €.

Au Grand-Duché du Luxembourg, la Fiat Grande Panda Ibrida La Prima coûte 22.900 € et 23.384 € avec le pack hiver. En France, il faut compter 22.900 € pour la Grande Panda Ibrida La Prima (et 500 € pour le pack hiver). En Suisse, Fiat vend sa Grande Panda Ibrida La Prima à 23.990 CHF.

Verdict
Bouille cubique et sympathique, avec des clignotants qui jouent à cache-cache avec les feux de jour LED, la Fiat Grande Panda a réussi une mission imposée : un Bruxelles-Turin aller-retour en automne. Un trajet sans vraies fausses notes, sauf un caprice en zones 30. Le plus surprenant a été la sensation de ne pas être épuisé après plusieurs heures de route grâce à une sellerie conciliante. J’ai bien aimé l’expérience, pourtant, je ne suis pas né de la dernière pluie (sans référence aux averses subies durant le périple). En tout cas, rouler dans une nouvelle Fiat en Italie, avec une plaque étrangère, cela vaut toujours des remarques et félicitations du jury. "Buongiorno, è la nuova Fiat Panda? Si la Grande Panda Ibrida. Ibrida? Si, vero. Fantastico!"

(Olivier Duquesne – Source : Fiat – Photos : © Olivier Duquesne)






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