Skoda Elroq, celle qui mène la danse électro

Škoda étoffe sa gamme électrique avec l’Elroq. C’est un SUV comme l’Enyaq, mais un peu plus petit. Il est aussi plus aérodynamique. Et cela fait une énorme différence. La preuve lors de cet essai routier de la variante 85 à grande batterie.

"Chef, on a un petit problème". Mes neurones n’en croyaient pas mes yeux. En focalisant le regard sur l’autonomie disponible avec la batterie à moitié vide de l’Elroq 85, ma calculette naturellement intégrée aboutissait à un résultat étonnant. Surtout que j’avais surtout fait de l’autoroute (et le Ring de Bruxelles limité à 100 km/h). Avant cette constatation, et la nécessité de vérifier cela, il a fallu faire connaissance avec la Tchèque. La Škoda Elroq est un SUV 100 % électrique un poil plus compact que l’Enyaq. Il mesure 4,49 m de long, c’est 16 cm de moins que son grand frère. Il n’en reste pas moins que cette voiture est capable de transporter une famille tout entière. L’espace à l’arrière pourra éviter une énième séance de plainte adolescente. Du moins, le teenager n’aura pas à râler de l’espace aux jambes. Pas la peine non plus de critiquer les plastiques : ils sont faits à base de bouteilles PET recyclées.

À l’avant, le grand écran central tactile de 13 pouces revendique son rôle stratégique dans les commandes et l’infodivertissement. Cependant, il y a des boutons pour le dégivrage, le parking automatisé et le choix du mode de conduite ainsi que l’accès aux menus de la climatisation et des aides à la conduite. Pour le volume, c’est au volant ou sur la barrette tactile sous l’écran. Le volant qui propose également un raccourci vers les aides à la conduite pour couper, par exemple, l’alerte de vitesse. Un autre bouton permet d’activer son chauffage. Pour le régulateur de vitesse, cela se passe avec un commodo sous le volant, à gauche. Quant au démarrage de la voiture, c’est un bouton start/stop placé là où l’on trouvait le barillet de la clé auparavant. La boîte se commande avec une glissière entre les sièges.

En avoir sous le capot

Notre Škoda Elroq 85 dispose d’un moteur de 285 ch et 545 Nm entraînant les roues arrière. Il est alimenté par une batterie de 77 kWh utiles (82 kWh de capacité nominale). Et sur le combiné numérique, lors de la prise du véhicule, l’autonomie est clairement optimiste : 530 km. Et pourtant, après les premiers kilomètres, elle ne semble guère s’effondrer. Je décide alors de pousser l’Elroq sur une autoroute vallonée en maintenant le 120 km/h. Et là, après 100 km, l’autonomie a perdu 135 km. Ceci dit, la consommation était telle – à deux doigts des 19 kWh/100 km en mode de conduite "Normal" – que l’on peut espérer un petit 400 km à ce rythme, sous la pluie battante, mais avec des températures douces. Et là, je dis bravo ! Des félicitations tant pour la gestion de l’énergie que pour celle des flux d’air avec une aérodynamique au Cx de 0,26 peu courant pour un SUV.

Et dans le coffre

La marque veut toucher les familles avec ce modèle. Peut-être seront-elles rassurées à l’idée de pouvoir rouler durant 3 heures sur autoroute (2h30 en hiver) avant de faire impérativement une pause recharge DC. Celle-ci prendra bien une demi-heure pour récupérer 80 % de capacité (et donc 2 bonnes heures d’autoroute à suivre). Les 175 kW théoriques en charge rapide se sont mués en pics à 121 kW pour une moyenne de 100 kW lors de notre branchement. À la maison en AC, ce sera à du 11 kW. De plus, l’Elroq est et reste une Škoda. Dès lors, il y a un tas de solutions pratiques à bord, dans un habitacle généreux. Pareil dans le coffre. Son volume est de 470 l. Il est possible de bien tout ranger grâce à quelques accessoires bien pratiques. Il y a notamment un filet sous le couvre-bagages pour y caser le câble au lieu de le laisser dans un emplacement sous le plancher. Il y a également une sorte de couverture pour laisser les sacs sans qu’ils se baladent sur le plancher. Lequel peut être protégé par un "tapis" en caoutchouc.

De retour d’une petite course d’appoint, il est, par exemple, possible de laisser les emplettes dans de petits bacs bien pratiques. Les plus observateurs remarqueront un QR code sur la paroi. C’est celui pour accéder au manuel d’utilisateur du véhicule et à quelques vidéos explicatives. Comme ça si vous vous ennuyez pendant la recharge, vous aurez de quoi réviser. La banquette peut évidemment se rabattre pour libérer 1580 l de volume utile. Une opération qui peut aussi s’effectuer via des boutons dans le coffre. Le hayon électrique peut s’ouvrir d’un mouvement du pied sous le pare-chocs. Le célèbre grattoir de la marque, avec repères pour mesurer la profondeur des pneus, se trouve dans un logement intégré à l’intérieur du hayon. Et dans les portières, il y a bien évidemment le range-parapluie Škoda.

Coup de frein

En tout cas, cette voiture enlève une partie du stress de l’autonomie au quotidien. Sur des trajets mixtes, en conduite anticipative, on peut miser sur plus 500 km de rayon d’action. Dès lors, les 573 km WLTP vantés par le constructeur ne sont pas totalement usurpés. D’autant que la pédale de frein incite à anticiper. Le pied droit a la désagréable sensation de s’enfoncer dans un terrain mou, même en tapant sèchement pour un freinage d’urgence. L’Elroq freine, mais le cerveau de l’automobiliste lambda est quand même surpris lors des premiers coups de latte… et de tous les suivants ! Dès lors, n’hésitons pas à utiliser les palettes du volant pour moduler la régénération au freinage et ralentir simplement en levant le pied.

Pourquoi Škoda n’offre-t-elle pas une attaque franche de la pédale ? Cela reste un mystère. Surtout que la direction est précise avec une assistance variable en fonction de la vitesse. De surcroît, la voiture est réellement dynamique. Non seulement elle accélère vigoureusement (0 à 100 km/h en 6,6 s) avec ce moteur de 210 kW (285 ch), mais en prime le châssis suit le rythme. L’excès d’optimisme active les garde-fous électroniques sans exagération. Toutefois à chaque coup de frein en conduite sportive, reste l’incertitude d’un pied droit ayant la sensation d’entrer dans la semoule avant la mise en action des étriers. Seule véritable ombre au tableau de cette voiture confortable et agréable à mener.

À la caisse

La Škoda Elroq propose une version "50" d’entrée de gamme de 170 ch avec une batterie de 52 kWh utiles offrant une autonomie officielle de 347 km à moins de 35.000 €. L’Elroq 60 de 204 ch avec 59 kWh et jusqu’à 429 km d’autonomie WLTP se négocie aux alentours de 37.000 €. Pour une 85 comme celle de notre essai, il faut débourser plus de 44.000 €. Et encore, c’est sans la finition de "notre" voiture et ses options. Ainsi, le modèle photographié et conduit en Belgique pour ce test ne coûte pas de moins de 57.105 €. Détail : c’est une Elroq Corporate avec simili cuir, attache-remorque, design intérieur Lodge, pack d’option Maxx (le nom dit tout), pompe à chaleur et jantes de 20 pouces. Bam !

Pour avoir un modèle du même acabit en France, il faut choisir la version Plus 85. En l’équipant au mieux, on dépasse évidemment les 50.000 €. Alors que le modèle d’entrée de gamme est proposé à 33.300 €. En Suisse, il faudra se tourner vers la configuration Sportline, avec le pack Maxx pour dépasser les 53.000 CHF, contre 36.330 CHF pour le modèle de base avec la petite batterie. Un fameux budget pour une famille. À moins de choisir une version avec moins de batterie, et donc moins d’autonomie et une vitesse de charge un peu moins rapide…

 (Olivier Duquesne – Source : Škoda – Pictures : © Olivier Duquesne)