Paris détient le triste record de capitale la plus mortifère d’Europe – et potentiellement du monde développé – lors des épisodes de canicule. Selon une étude publiée dans The Lancet en 2023, la capitale française présente le risque de mortalité lié à la chaleur le plus élevé parmi 854 villes européennes analysées, avec en moyenne 400 décès chaque année attribués aux fortes chaleurs.
Mais pourquoi la ville de Paris est-elle aussi vulnérable ?
La première réponse à cette question est à trouver dans ce que les spécialistes appellent "effet d’îlot de chaleur urbain". Ce phénomène, très marqué dans la capitale française, peut faire grimper la température de 8 à 10°C de plus qu’en périphérie, surtout la nuit. En 2021, 90 % des Parisiens étaient exposés à un îlot de chaleur d’au moins 3°C au-dessus des températures normales, et 10 % de la population parisienne à plus de 6°C de différence.
Deuxième élément de réponse, le manque de végétation et les matériaux urbains utilisés. Le déficit d’espaces verts et la prédominance de surfaces sombres (bitume, façades) aggravent la rétention de chaleur, rendant certains quartiers particulièrement dangereux lors des pics de température.
Troisième facteur de vulnérabilité en cause, la forte densité de population, l'existence de nombreux quartiers populaires moins équipés en espaces frais et en systèmes de climatisation, ainsi que la proportion importante de personnes âgées et de malades chroniques dans ces zones.
Enfin, l’isolation thermique insuffisante des bâtiments, notamment pour le bâti ancien, complique la protection des habitants, d’autant que la rénovation énergétique est freinée par la structure de la propriété à Paris.
L'addition de ces facteurs explique que la surmortalité liée à la canicule est 1,6 fois plus élevée à Paris que dans d’autres grandes villes européennes, tous âges confondus, et particulièrement chez les plus de 85 ans. Les sans-abri, les enfants, les personnes âgées et celles souffrant de maladies chroniques sont les groupes les plus exposés.
Plantation massive d’arbres, multiplication des points d’ombre et des fontaines brumisantes, extension du réseau de froid urbain, projets de rénovation énergétique, la capitale française devra accélérer sa transformation pour éviter que ce triste record ne s’aggrave encore dans les décennies à venir.
(LpR - Source : rfi, Novethic, France 24, Le Parisien, Le Monde - Picture : Unsplash)
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