Stellantis, et donc Opel, n’a pas choisi la voie la plus facile pour développer des voitures électriques performantes : celle des modèles identiques aux thermiques. Au détriment de l’autonomie ? Réponse avec cet essai de la Grandland.
La philosophie actuelle chez Stellantis est de toujours proposer chaque modèle avec une motorisation électrique. Cela n’a pas forcément été pertinent au début, notamment par la difficulté d’intégrer une batterie et d’adapter la plateforme à l’électrification. Mais les équipes du groupe automobile n’ont pas baissé les bras. Opel nous présente ainsi la Grandland BEV, un SUV familial avec une autonomie annoncé à plus de 500 km. Pour en avoir le cœur net, j’ai pris le volant de cette grande voiture avec le moteur électrique de 213 ch (157 kW) et sa batterie de 73 kWh utiles. Une batterie lithium-ion NMC (nickel-manganèse-cobalt) affichant une autonomie WLTP de 520 km. Voilà ce que cela donne en vrai…
Fini le X
Si vous vous posez la question : oui, la Grandland est la nouvelle itération de la Grandland X ayant perdu son X. Pour le reste, c’est bien une déclinaison Opel de la Peugeot 3008. Les deux cousines étant mécaniquement très proches. Mais la marque allemande au Blitz y a apporté ses petites touches. La plus ludique est un poisson, ou plutôt des poissons. Car au jeu des requins (dans tous les modèles Opel conçus depuis 2004, il y a un ou des requins cachés dans l’habitacle), j’en ai trouvé. Il y a ceux bien planqués au niveau du vide-poche entre les sièges avant. Et pourtant, il y a mieux dissimulé encore ! Mais je vous en parlerai prochainement lors de l’essai à venir d'une variante hybride du Grandland…
Résumer ce SUV "allemand" à des prédateurs marins goguenards serait réducteur. Car, ce Grandland veut jouer la carte premium à l’image de sa calandre illuminée, sans prise d’air. L’intérieur nous présente quelques courbes, un écran central de 16 pouces (finition GS) et des contrastes bicolores pour égayer un peu le tout sous le toit ouvrant panoramique (avec le pack Comfort Plus). Le dessin des sièges avant, chauffants, apporte une touche de sportivité avec l’appuie-tête en prolongement du dossier. Ils sont ergonomiques et certifiés AGR (association allemande de la protection du dos Aktion Gesunder Brücken). Derrière le volant (chauffant), les palettes servent à régler la régénération au freinage.
Aller-retour
Les premiers kilomètres sont typiques d’une voiture électrique : silence, centre de gravité bas et bonnes accélérations. Même si la philosophie chez Stellantis n’est pas de décorner les bœufs à chaque démarrage. Le dosage est timide, mais la relance énergique. Durant les premiers jours ponctués par des petits trajets urbains et des aller-retour entre Bruxelles et le Brabant Wallon en Belgique, j’ai parcouru 320 km avant de faire une recharge avec une batterie disposant encore de 23 % de capacité. Lors de la recharge, la puissance de recharge a dépassé les 120 kW, s’approchant des 160 kW maximum. Le temps d’un bon café, d’un éclair au chocolat et de la lecture d’un journal, la voilà à 78 % avant un retour au domicile. De ces runs, je retiendrai une certaine sérénité sur la route. Merci à l’amortissement à fréquence sélective spécifique pour la variante électrique avec une soupape supplémentaire.
C’est parti pour un dimanche en famille à 110 km de la maison, avec 75 %. Autrefois, ce type de parcours en électrique imposait de quitter la tablée pour se brancher ou de faire une pause bornage au retour. C’est fini – ou du moins c’est de plus en plus rare, même avec cette Opel Grandland. Les 220 km totaux d’autoroutes se sont terminés avec une batterie à 18 %. Dès lors, par la règle de trois, avec des températures printanières, à 120 km/h, on peut espérer faire sans stress plus de 300 km avec une batterie chargée à au moins 90 %. Sur des 20 pouces, mais avec la pompe à chaleur ! Si j’avais une borne à la maison, tout cela serait récupéré en un peu plus de 7 heures à 11 kW. J’ai dû repasser par la borne rapide le lendemain. Et c’est toujours à plus de 100 kW sous des températures clémentes.
Familiale
L’Opel Grandland est une voiture d’un bon gabarit. Elle mesure 4,65 m de long, pour 1,93 m de large (2,10 m avec les rétroviseurs) et 1,67 m de haut. Mais ce n’est qu’une 5 places, pas d’option de 3e rangée de sièges. Et encore, car, comme trop souvent, la place arrière centrale est réservée au gringalet de la lignée. Ou bien à l’accoudoir central. Soit ! Par contre, pour les 4 occupants bien installés. Ils le sont vraiment, bien installés. Il y a quelques vide-poches et un coffre central réfrigéré. Tout cela offre un volume total plutôt généreux de 36 l. Comme l’autonomie est suffisante, on peut donc tenter des excursions. Le coffre a un volume sous le couvre-bagages de 550 l. Sous le plancher en position haute, il y a un grand espace pour ranger le câble, le triangle, le kit anticrevaison et quelques petites affaires. La banquette se replie en 3 parties, mais il faut passer par l’habitacle. Pas de bouton tirette accessible depuis le coffre pour atteindre le volume maximal de 1650 l !
De vrais boutons
Revenons sur l’ambition Premium de notre Grandland. Sans être de grand luxe, l’Opel a de bonnes idées pour faciliter la vie. Il y a notamment le couvercle translucide au-dessus de la zone de charge par induction du smartphone. Cela permet de vérifier la charge (même si un petit logo se trouve aussi sur l’écran). L’ergonomie intelligente se retrouve aussi quand il s’agit de jouer avec le régulateur de vitesse adaptatif. Dommage toutefois que certaines infos soient uniquement réservées à l’écran central ou à l’affichage tête haute. Par contre, il y a un mode "Pure" pour la conduite de nuit, diminuant l’affichage du combiné pour mieux laisser les pupilles s’ouvrir. Une route de nuit facilitée par le très bon éclairage d’Opel. Près de la tirette pour commander la boîte, un bouton permet de surfer entre le mode de conduite Normal utilisé durant le trajet autoroutier, le mode Eco calmant un peu les quelques soupçons d’ardeur du SUV et le mode Sport épuisant la batterie plus rapidement en offrant 213 ch en permanence.
L’écran horizontal au milieu de la console a également une zone accessible au passager pour qu’il puisse s’occuper du DJing ou de quelques réglages. Sauf que cela ne marche pas avec un appairage Android Auto ou Apple, Car Play. À ce propos, le volume peut se régler sur le volant, mais aussi avec une roulette à l’ancienne. Tellement plus pratique qu’un truc tactile. Pareil pour la climatisation dédoublée entre des boutons et un menu sur l’écran. Il y a aussi trois boutons au pied de l’écran pour accéder à des menus de base. Bien vu. Et, oh sublime surprise, la connexion USB-C de gauche est capable de lire la musique sur une clé USB de grande capacité. Ce qui n’est pas donné à toutes les voitures Stellantis.
Le budget
Conçue pour les familles en quête de confort, l’Opel Grandland électrique se négocie à partir de 46.650 € en Belgique. Notre modèle badgé GS avec la pompe à chaleur, le pack Comfort Plus et le pack Techno avec l’affichage tête haute, le pare-brise chauffant et la grande panoplie d’aides à la conduite, on est à 52.740 €. En France, un modèle aux spécifications similaires est proposé à 51.340. En Suisse, il faudra compter sur un budget de 55.900 CHF.
(Olivier Duquesne – Source : Opel – Pictures : © Olivier Duquesne)
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