

Franz Treichler a vu le jour à Fribourg en 1961. Seul membre inamovible du trio suisse inclassable, il en préside aux destinées depuis 1985
Son patronyme complet (retenez votre souffle) Francis José Conceição Leitão Treichler indique clairement des racines brésiliennes qui, faut-il le préciser, ne s’entendent guère dans sa musique. Si sa mère était suisse germanophone, son père a longtemps travaillé pour les émissions internationales en portugaise de la radio helvète.
Enfant, il apprend la guitare classique (un instrument qu’il malmène toujours sur scène dans sa version électrique) mais commence, au début des années 80, à expérimenter des collages sonores sur un petit enregistreur quatre pistes. A cette époque et dans des versions bien moins abruptes, la Suisse possédait deux autres représentants d’une Deutsche Welle électronique avec Fehlfarben et Grauzone, le premier groupe de Stephan Eicher. Quatre décennies se sont écoulées et Franz Treichler continue toujours à expérimenter la dissonance avec la même délectation. En ce sens, il reste fidèle à Michael Gira, le leader du groupe industriel américain Swans dont la chanson "Young God" lui a servi de matrice.
Dès le milieu des années 80, avec Cesare Pizzi (sorcier des samples) et Frank Bagnoud (batterie), l’idée majeure consiste à pratiquer un rock dans lequel les riffs traditionnels sont remplacés par des échantillonnages.
En 1987, leur premier album éponyme pose donc les bases d’un rock industrielle échafaudé sur des samples, une batterie assourdissante et la voix caverneuse de Franz. Au moment où leur compatriote Stephan Eicher, assagi, connaît son premier succès hexagonal avec "Combien de temps", les Young Gods sacrifient également à la langue de Molière avec des titres un peu abscons comme "Fais la mouette" (sic) ou "Nous de la lune". Mais la comparaison s’arrête là ! Même si leur deuxième album pour le label belge Play It Again Sam ! en 1989 (leur meilleur à mon sens) possède également un titre français "L’eau rouge" et quelques titres pas piqués des hannetons comme l’hypnotique "L’amourir". On se dit à l’époque que Arno et le turbulent Franz possèdent quelques points communs…
Dans les années années 90, ils continuent à défier les classifications en adaptant notamment Kurt Weill et son fameux "Opéra quat’sous" (1928) d’une manière radicalement nouvelle. En 2025, pour célébrer leurs quarante années d’existence, les Young Gods publient un treizième album "Appear Disappear" et repartent en tournée toujours sous la forme d’un trio apocalyptique qui, de temps à autre, apprécie aussi des volutes électroniques répétitives et envoûtantes.
Parallèlement, à ses activités au sein de son groupe, ranz Treichler possède pas mal d’autres cordes à son arc. Il a apporté ses lumières notamment aux groupes français indépendants Bérurier Noir ou les ancêtres de Treponem Pal et a aussi offert ses talents de remixeur intransigeant à Noir Désir ou That Petrol Emotion. Il a aussi écrit de nombreuses partitions pour des spectacles de danse contemporaine (essentiellement pour Gilles Jobin) et réalisé des habillages sonores pour des performances d'avant-garde, des expositions pointues ainsi que quelques films d’inspiration dadaïste. "J’ai toujours voulu faire du rock avec une technologie différente, en mélangeant aussi différente approches esthétique jugées incompatibles par certains" explique-t-il. Pari réussi Franz !
En tournée :
19 novembre : De Heling - Utrecht (Pays-Bas)
20 novembre : Botanique - Bruxelles (Belgique)
21 novembre : Trabendo - Paris (France)
22 novembre : La Vapeur - Dijon (France)
Et aussi en Allemagne, dans les pays de l'Est et bien entendu à travers la Suisse dont deux soirs dans sa ville natale de Fribourg les 18 et 19 décembre
(Stéphane Soupart - Photo : © Etienne Tordoir)
Photo : Franz Treichler avec The Young Gods au festival Sinners’ Day à Ostende (Belgique) le 25 août 2021






Liens Rapides