Essai MG S5 EV : un costard de majordome

Le nouveau SUV électrique de MG, le S5 EV démontre que la nouvelle vie de "Morris Garage" est prometteuse. Cette voiture de presque 4,50 m a quelques atouts intéressants à offrir. Il est tout à la fois question d’équilibre, de confort et de souplesse. Et de vie de famille.

Encore un SUV électrique chinois ! Oui, mais celui-ci arbore un blason à la longue histoire : celui de MG. Chinoise depuis 20 ans, cette marque plus que centenaire a connu des heures de gloire et de dépit sous la bannière d’Union Jack. Cela fait plaisir de voir ce logo mythique continuer à vivre de nouvelles aventures avec SAIC. D’autant que l’avenir semble assuré par la politique d’expansion de MG, avec des importateurs renommés comme Astara, et par les diversités des produits. La MG S5 EV est, comme son suffixe le précise, une voiture 100 % électrique.

Belle présentation

Derrière le regard acéré du capot plongeant, la MG S5 présente un dessin classique de SUV compact. Pas déplaisante, elle se glissera élégamment dans la circulation quotidienne. Pour ce faire, elle dispose d’un moteur de 231 ch et 350 Nm associé à une batterie de 64 kWh (62,1 kWh utiles) dans le cadre de la version Long Range essayée ici.

À bord, l’ambiance grisonnante et sobre est compensée par un assemblage de qualité, avec des matériaux agréables au toucher. La S5 n’échappe évidemment pas aux écrans, de taille classique pour une voiture de 2025. Ainsi, le combiné d’instrumentation mesure 10,25 pouces alors que l’écran central tactile mesure 12,8 pouces. La climatisation passera en grande partie par la rangée de commandes physiques sous l’affichage principal. Cette dernière a tendance à être optimiste sur ses températures. Elle vous dit 20 °C, mais comptez plutôt 18 °C.

Musculation du mollet

Pas de bouton Start pour démarrer la voiture. Il suffit de s’installer, d’appuyer franchement sur la pédale de frein et de tourner le gros bouton entre les sièges pour enclencher la marche avant ou la marche arrière. Quelquefois, le pied n’était pas assez appuyé au goût du véhicule. Ce qui nécessitait de réitérer l’opération vers R ou D. La puissance est plus que suffisante pour donner de l’allant à la Chinoise. Sans perte de motricité. Étant donné que c’est une propulsion, un petit coup d’accélérateur au bon moment en virage serré peut faire légèrement dériver l’arrière-train du SUV, en douceur. Fun !

La MGS5 EV est dotée d’une suspension ayant cherché le compromis entre fermeté et docilité. Certaines imperfections et ondulations, même sur l’autoroute, peuvent se répercuter dans l’habitacle. Dire qu’on est secoués serait exagéré. Mais, il est vrai que, parfois le corps et/ou la tête ressentent des mouvements latéraux ou verticaux. Rien à redire, par contre, au sujet de la direction, même en mode « Normal » ou « Comfort ». La voiture se laisse mener avec discipline. Le fait que ce soit les roues arrière qui poussent l’engin, il n’y a pas de sensation de perte d’adhérence au volant. La conduite dynamique, dans les limites d’un SUV de 4,48 m de long et 1,62 m de haut de 170 kW, est jumelée à un freinage efficace et puissant.

Bien, mais pas bien

Pour les aides à la conduite, MG a baptisé sa panoplie ADAS du nom "MG Pilot. On y accède via l’écran central. Soit en utilisant un des boutons favoris programmables sur le volant (une des deux étoiles), soit via le logo voiture sur le menu tactile. Ensuite, il faut encore tapoter pour le menu MG Pilot. Puis, dire que l’on veut les réglages personnalisés (à personnaliser une première fois donc), puis confirmer l’avertissement. Et alors, enfin, les alarmes inutiles ou stressantes sont en veille. Autant c’est pratique d’avoir la possibilité de personnaliser le niveau d’assistance avec une seule fonction. Autant il aurait fallu mettre au point une manipulation plus directe. Ce qui est direct, par contre, c’est l’accès à la caméra de recul avec vision panoramique. Des images de qualité facilitent vraiment les manœuvres et créneaux. Ses jantes et pare-chocs sont en sécurité.

 Hormis le fastidieux parcours de blocage d’ADAS, l’affichage de l’écran central présente des raccourcis vers les différents menus indispensables, même avec l’appairage Android Auto ou Apple CarPlay. C’est simple. Certes, il faut un peu d’habitude et de temps pour s’y retrouver. Mais une fois l’ergonomie apprivoisée, il y a moyen, par exemple, de choisir le mode de conduite (Normal, Confort, Sport, Neige ou Personnalisé).

Pour le niveau de régénération du "One Pedal", dont un mode auto, il est aussi possible de migrer vers la commande d’accès à ce menu via une des étoiles du volant. Mais il faudra quand même utiliser son doigt pour le réglage final. C’est aussi par l’écran, via le pavé batterie du menu principal, qu’il est possible de préchauffer la pile avant une recharge ou de découpler la prise quand on veut repartir.

Pas loin de 130

MG a greffé une batterie Lithium-ion à cathode NCM (nickel – cobalt – manganèse) de 11 cm d’épaisseur seulement. Cette batterie ultramince "one pack" participe au régime du SUV. Il ne pèse "que" 1725 kg à vide. Un poids qui participe à l’agrément de conduite, mais aussi à son autonomie. On pourrait même regretter que MG ne propose pas une solution à 80 kWh, ce qui lui aurait donné un rayon d’action bien meilleur encore. En tout cas, avec 64 kWh, l’autonomie WLTP de notre modèle est de 465 km.

Durant cet essai automnal avec des températures d’été indien (entre 10 °C et 18 °C), la consommation moyenne de notre périple varié (1000 km environ) a été de 16,5 kWh/100 km. Ce qui donne une autonomie réelle mixte confortable (sans arriver dans la réserve) de plus de 300 km. Sur autoroute, les chiffres ont oscillé, en fonction des limitations (100 km/h ou 120 km/h) et de la densité de circulation, entre 19,1 kWh/100 km et 21 kWh/100 km. Soit des relais d’environ 2 h assurés entre les bornes rapides. Au plein de cœur de l’hiver, on sera sans doute plus proche des 23 kWh/100 km, et des pauses toutes les 90 minutes.

Sur le papier, la puissance maximale de charge de la MGS5 EV avec la batterie de 64 kWh est de 139 kW. Et bien, même sans préchauffer la batterie, j’ai atteint des pics de charge à 121 kW ! Pas mal. En moyenne, on tourne plutôt autour des 90 kW jusqu’à 80 %. Dès lors, les bornages peuvent se faire en une bonne demi-heure avant de repartir pour plus de 200 km d’autoroute et beaucoup plus sur les autres routes. Car, quand on quitte les voies rapides, il est possible de réduire la consommation à moins de 15 kWh/100 km et viser sans effort les 400 km entre les prises.

Pour le guidage, hormis les solutions Maps de votre smartphone, la navigation intégrée peut être reliée à un suivi en temps réel des perturbations de trafic via MG iSmart. Elle aidera aussi à trouver une borne quand cela s’avère nécessaire. MG propose en prime des applications comme YouTube, TikTok et Spotify dans son système natif.

En famille

Depuis les années 90, le marketing des constructeurs s’évertue à nous convaincre que le SUV est idéal pour les familles. Ce qui n’est pas toujours vrai. Pour cette MG, ça l’est en matière d’habitabilité pour 4. Le 5e larron aura droit à l’accoudoir de la banquette dans le dos et à moins d’espace. Il n’y a que deux fixations Isofix, à l’arrière, mais les portes ont une grande amplitude d’ouverture. Grâce à son empattement de 2,73 m, l’habitabilité est assurée partout pour les longues jambes. Pour les conversations à bord, il faudra toutefois composer avec quelques bruits aérodynamiques et les sons venus de l’extérieur. Même qu’une fois j’ai cru que j’avais laissé une fenêtre légèrement entrouverte.

Dans l’absolu, les côtes du coffre ne sont guère généreuses : de 453 l à 1141 l. Mais sa forme optimale permet des miracles. Notez que la banquette arrière ne peut se rabattre que depuis le cockpit. Pas de tirette pour le faire du coffre. Sous le plancher, il y a un bel espace pour y ranger… des outils puisqu’il y est écrit "Tools" en grand (bel optimisme de fiabilité, l'espace était vide - en vrai, ils sont rangés sous le caoutchouc). Pas de frunk pour le câble qui devra rester dans le coffre, sous le plancher dans le bac à outils… ou ailleurs. Par contre, la MGS5 EV ne manque pas d’espaces de rangement dans l’habitacle.

Le budget

Comme tous, MG propose de configurer la S5 EV sur son site. Un outil qui a dû être très facile à développer. Il n’y a que la couleur comme véritable option. En gros, il faut choisir entre deux finitions : Comfort ou Luxury. La première existe aussi avec une version dégonflée à 170 ch et une "petite" batterie de 49 kWh (autonomie WLTP de 340 km) au prix de 34.000 €, voire un peu moins de 35.000 € si vous n’aimez pas les voitures blanches, en Belgique (novembre 2025). Pour la finition Comfort avec la batterie de 64 kWh (autonomie WLTP de 480 km), il faut ajouter 3500 € supplémentaires.

Attention : pour mieux en profiter en hiver, il faudra jeter son dévolu sur la finition Luxury, la seule équipée d’une pompe à chaleur. Ainsi, la MGS5 EV rouge Luxury de nos photos, testée sur la route, coûte, tout compris, 40.635 €, sans les éventuelles primes. Cette finition supérieure c’est aussi avec le chargeur à induction en feutrine pour le smartphone, les jantes de 18 pouces, le volant et sièges avant chauffants, les essuie-glaces automatiques, la caméra de stationnement, le hayon électrique, la sellerie cuir… Au Grand-Duché de Luxembourg, la MGS5 EV Luxury coûte 39.292 €. En France, il faudra sortir 39.140 €. En Suisse, cette MG coûte 37.140 CHF.

Qu’en penser ?

La MGS5 EV est une bonne voiture électrique. Ce SUV est agréable à conduire, avec des accélérations franches (6,3 s pour le 0 à 100 km/h) et une motricité redoutable. Il offre une autonomie suffisante pour les tâches du quotidien, tout comme pour les sorties extraordinaires. Son bon rapport qualité-prix et un style passe-partout, mais flatteur, sont de vrais arguments au moment du choix final. De plus, pas besoin de s’arracher les cheveux pour trouver les options. Tout est de série. Il faut juste choisir la bonne finition (Comfort moins dotée ou Luxury ultra équipée pour 2500 € de plus).

(Olivier Duquesne – Source : MG – Astara – Photos : © Olivier Duquesne)