On croirait revenir au temps des événements sanglants des luttes religieuses. L’Irlande du Nord vit des jours agités marqués par des émeutes racistes. Des personnes se barricadent par peur. L’étincelle a été une tentative d’agression.
Tout a débuté à Ballymena le lundi 9 juin 2025. Une jeune fille a dû subir les assauts de deux adolescents de 14 ans d’origine roumaine. Ils ne sont pas parvenus à leur fin. Mais le prétexte était trop beau pour les xénophobes. Depuis, les personnes d’origine étrangère n’osent plus sortir de chez elles, de peur de représailles ou d’être la cible de groupes racistes utilisant cette agression pour alimenter leur haine. En outre, des émeutes ont éclaté à Ballymena puis ailleurs en Irlande du Nord. Elles ciblent clairement les "immigrés", dont certains habitent depuis plusieurs décennies dans le pays. Pourtant, la société nord-irlandaise ne compte que 3,4 % d'habitants d’origine étrangère, souvent issus de l’Union européenne.
Haine SoMe
Sur les réseaux sociaux, des appels ont été publiés pour manifester contre les étrangers, européens ou non, voire pour inciter à attaquer les personnes d’origine étrangère et à chasser les soi-disant gangs de migrants. Résultat : des habitations sont taguées, prises d’assaut, voire incendiées. Des voitures appartenant à des étrangers sont également prises pour cibles. Certains quartiers à forte population étrangère sont spécifiquement visés par les fauteurs de troubles revendiquant leur pedigree local. Au point que des Irlandais placardent leur appartenance avec des affichettes "des locaux vivent ici", tout en fustigeant à la fois les émeutiers et les "illégaux". D’autres, parfois d’origine étrangère, affichent le drapeau britannique, l’Union Jack, ou des photos de la famille royale pour montrer leur intégration et leur fidélité au Royaume-Uni.
Peur de l’eau
Les soirées ont été particulièrement violentes à Ballymena durant la semaine. Toutefois, le jeudi 12 juin 2025 a été plus calme dans cette ville ouvrière. Il pleuvait et, pour la plupart, les émeutiers sont finalement restés chez eux. Par contre, des heurts ont éclaté dans la ville de Portadown, au sud-ouest de Belfast. La police tente de protéger au mieux les communautés visées. Les autorités ont d’ailleurs qualifié les différentes exactions d’actes "racistes". Les forces de l’ordre ont même dû évacuer des personnes apeurées qui s’étaient cachées dans leur grenier ou dans des penderies. Par ailleurs, 17 "manifestants" ont déjà été arrêtés. Durant les émeutes, plusieurs blessés ont été blessés, dont 22 dans la seule nuit de jeudi à vendredi.
Rappel des heures sombres
Ces événements font échos aux terribles Troubles qu’a connus le pays entre 1960 et 1990. Une véritable guerre civile entre les catholiques favorables à la réunification de l’île et les protestants "loyalistes" à la couronne d’Angleterre. Ce conflit en Irlande du Nord avait fait environ 3500 morts, dont près de 2000 civils. Un des épisodes les plus dramatiques est le « Bloody Sunday » du 30 janvier 1972, évoqué par le groupe U2 : 14 manifestants ont été tués par l’armée lors d’une marche pacifiste.
(Olivier Duquesne – Sources : Le Soir & FranceInfo – Picture : © picture alliance / Anadolu | Conor McCaughley)
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