Sur les pentes glacées de l’Everest, ou règnent d’habitude le silence et les vents glacés, c’est désormais le vrombissement sourd de machines volantes qui trouble la quiétude des lieux.
Dès l’aube, alors que la lumière peine à percer le voile des nuages, une escadrille de drones géants décolle au-dessus du camp de base de l'Everest. Précis et méthodiques, ils volent à la verticale des crevasses béantes et des champs de glace, des endroits où, autrefois, seuls les sherpas osaient s’aventurer, les épaules alourdies par des sacs débordant de détritus.
Dans ce décor grandiose, les drones se livrent à un étrange ballet, leurs bras mécaniques soulevant des sacs-poubelle remplis de déchets : restes de nourriture, bouteilles d’oxygène vides et morceaux de plastique abandonnés par des générations d’alpinistes. En quelques minutes, ils accomplissent ce qui aurait exigé des heures d’efforts et impliqué la prise de risques mortels pour des humains. Là où un sherpa mettait quatre heures à redescendre un sac de vingt kilos, le drone n’a besoin que de six minutes pour franchir les 700 mètres de dénivelé entre le Camp 1 et le camp de base.
Ces machines, conçues pour résister à –20°C et à des vents de plus de 40 km/h, bravent les éléments pour accomplir cette tâche titanesque. Le plus haut sommet du monde et ses contreforts, victimes du tourisme de masse, sont devenus la plus haute décharge à ciel ouvert de la planète. Chaque printemps, des dizaines de milliers de randonneurs convergent vers le camp de base, et la fonte accélérée des glaces, conséquence du réchauffement climatique, libère des déchets oubliés depuis des décennies, aggravant la pollution et rendant le ramassage des détritus toujours plus périlleuse.
70% des déchets habituellement transportés à la main par les sherpas l’ont été cette année par cette escadrille volante. Mais le défi reste immense : il faudrait davantage de drones, capables de soulever des charges plus lourdes, pour espérer venir à bout de cette montagne de déchets.
Derrière cette révolution sur l’Everest, on retrouve la start-up népalaise Airlift Technology, soutenue par des partenaires chinois. De nouveaux modèles sont en préparation, des fabricants du monde entier proposant leurs prototypes pour rendre à la montagne sacrée sa pureté originelle.
(LpR - Source : Courrier international - Picture: Unsplash)
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