Une personne a été tuée près de Reims en France suite au déploiement anormal de l’airbag de sa Citroën C3. Elle s’ajoute à une liste macabre. La marque a décidé d’imposer le "stop drive" à plus de 400.000 véhicules en Europe.
Citroën, groupe Stellantis, a demandé l’arrêt immédiat de tous les modèles C3 et DS3 d'avant 2019, pas encore rappelés, en circulation en Europe. Cette immobilisation "stop drive" demandée par le constructeur automobile fait suite à un accident mortel en France le 11 juin 2025. C’est le premier dans une région septentrionale après une quinzaine de décès liés à la défaillance des airbags Takata dans les territoires d’Outre-mer et un autre décès en Métropole, dans le Sud. Un composant explosif utilisé par le fabricant japonais se détériore avec le temps, surtout dans un climat humide et chaud. Lors du déploiement de l’airbag, des morceaux métalliques sont projetés provoquant des blessures graves, voire mortelles, au visage et sur le haut du corps. De tels accidents mortels ont été recensés dans le monde entier depuis plus de 15 ans (voir ci-dessous).
Rappel ignoré ?
La voiture de la victime de Reims aurait dû faire l’objet d’un rappel en février 2025 durant une grande vague de remplacement de 236.000 C3 et DS3 dans le nord de la France, après une campagne similaire dans les régions "chaudes" en 2024. Cependant, cette femme de 37 ans n’aurait pas reçu le courrier et n’aurait a priori pas réagi de sa propre initiative malgré les appels au passage en concession relayés dans la presse et les réseaux sociaux. En outre, Citroën avait entrepris une relance par lettre recommandée aux propriétaires concernés le 20 mai 2025 pour les modèles produits à partir de 2014 et pas encore vérifiés. Ce qui pose question sur le suivi des propriétaires, notamment après un déménagement ou une vente entre particuliers. Citroën a mis en place des sites pour s’informer. C’est un template international, peu importe l’origine de l’url, pour les modèles de la marque aux chevrons. Voici le lien de Citroën Belgique, celui pour la France et celui de Suisse.
Conduire malgré le stop drive
Ce n’est pas une infraction routière de prendre le volant d’une voiture concernée par l’appel à l’immobilisation. Mais il est urgent de contacter le concessionnaire pour prendre rendez-vous. Malheureusement, il n’est pas toujours possible d’obtenir un véhicule de remplacement ou de se passer totalement de sa voiture. Redoublez de prudence au volant, pour votre sécurité et celle des autres usagers, et préconisez dès que possible un autre véhicule ou un autre mode de mobilité. Vérifiez également auprès de votre assurance sur la couverture d’un véhicule soumis à un stop drive. Logiquement, l’assureur est tenu d’indemniser les dommages dans le cadre de la responsabilité civile. Par contre, les blessures et dégâts liés à l’explosion irrégulière de l’airbag pourraient ne pas être couverts totalement.
Retour sur l’affaire
L’affaire Takata a débuté en 2008. Cette année-là, Honda découvre que les airbags de son équipementier peuvent avoir des dysfonctionnements. Il s’avère que le fabricant a utilisé un composant, le nitrate d'ammonium, qui vieillit mal. Un problème caché par le japonais Takata. En effet, il n’a pas révélé les résultats de tests sur ses capsules métalliques explosives. Dès lors, il y aurait eu 200 millions de sacs gonflables dangereux installés dans des véhicules produits entre 1998 et 2019 et vendus partout dans le monde. Plusieurs autres constructeurs feront le même constat. Tous entameront de vastes campagnes de rappel, mais en ordre dispersé.
Plusieurs morts
Le scandale est devenu dramatique après le premier accident mortel référencé en 2009 dans l’Oklahoma (États-Unis), avec une Honda Accord de 2001. Le scandale commence alors à naître avec les premières alertes à destination de l’opinion publique. On estime que près d’une quarantaine de personnes sont décédées et que des centaines ont été blessées par leur airbag déficient en 15 ans. Cette défaillance et ses conséquences mèneront Takata à la faillite en 2017 après sa condamnation pour fraude et conspiration aux États-Unis.
Pourquoi ce choix ?
Des millions de véhicules des groupes BMW, Ferrari, Ford, General Motors, Honda, Jaguar Land Rover, Mazda, Mercedes, Mitsubishi, Nissan, Stellantis, Subaru, Suzuki, Tesla, Toyota et Volkswagen ont déjà été rappelés ou le seront prochainement. Un programme titanesque toujours en cours et qui semble tentaculaire. D'autant que l'opération est gratuite pour les clients. Pour Citroën, après plusieurs campagnes, il faut maintenant remplacer les airbags au plus vite dans toute l’Europe. Ces constructeurs font face à un problème grave, ayant tué plusieurs fois, après avoir fait confiance à un ancien cador de la pièce automobile. À quel point ont-ils été trompés par Takata ? Difficile de la savoir, mais les soupçons sur cet équipementier ont commencé à poindre il y a plus de 15 ans. Ils doivent donc maintenant assumer leur choix avec des rappels coûteux, sans pouvoir se retourner contre une entreprise désormais hors jeu.
(Olivier Duquesne – Sources : Stellantis, Le Soir, RTBF, Radio France, AFP, Wikipédia, Ministère chargé des Transports de la République française – Photos : © picture alliance / PHOTOPQR/VOIX DU NORD/MAXPPP | Thierry Thorel & picture alliance/dpa/ PHOTOPQR/L'EST REPUBLICAIN/MAXPPP | Lionel Vadam & Stellantis)
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