Dacia Bigster : adepte du jeu des 1000 bornes

En résumé, la Dacia Bigster est un Duster allongé de 23 cm. L'allure ne trompe pas. Il est aussi plus haut de 5 cm. Dès lors, le SUV mesure 4,57 m de long. A-t-il de quoi séduire les familles en quête de produit rationnel ? En tout cas, la version hybride testée a une autonomie royale.

Commençons par une information importante : malgré sa vingtaine de centimètres supplémentaires, la Dacia Bigster n’existe pas en 7 places. Par contre, la 5e place, la centrale arrière, permet d’installer un adulte. Certes, ce n’est pas la plus confortable. Mais c’est mieux que dans beaucoup de SUV. Par contre, si on rabat cette place pour profiter du porte-gobelet, on libère une trappe vers le coffre. Un objet pourrait s’y faufiler en cas de gros coup de frein pour envahir l’habitacle. Danger !

Cargo

Restons à l’arrière de ce Duster XL pour s’engouffrer dans le principal intérêt du Bigster. Son coffre ! Une baie immense qui accueille sans peine un tas de bagages. Au retour de trek (pas le mien, celui des autostoppeurs rencontrés), tout rentre sans souci.

Plus prosaïquement, la corvée de la déchetterie pourra mieux s’espacer. Pour les vacances, tous les trucs (superflus) des enfants rentreront sans peine. En prime, il y a des rails sur le toit si vraiment on veut tout déménager… Et que dire des courses du mois. Paré pour tenir un confinement. Dacia propose même une app pour agencer au mieux ses chargements, via la caméra du smartphone.

Les chiffres ? Pour cette variante, la soute dispose d’un volume sous le couvre-bagages de 612 l. Quand on déroule, vaille que vaille, cette protection en toile et que l’on rabat la banquette arrière, on peut atteindre jusqu’à 1912 l de volume utile. On peut s’y étirer sans peine. Il faut noter que ce modèle Hybrid 155 essayé ici est le moins généreux à cause de sa batterie. Ainsi, la version Mild Hybrid 140 affiche des volumes respectifs de 702 l et 2002 l.

Ergonomique

En s’installant derrière le volant, un équipement typique de Dacia ne passe pas inaperçu : le support pour smartphone (finitions Journey et Extreme). Cela devrait être obligatoire sur toutes les voitures. Ceci dit, Dacia a aussi installé un chargeur à induction au pied de la console centrale. Le système Media Nav Live de série dans la finition Journey de notre exemplaire (550 € en option sur les finitions de base) est compatible avec les systèmes d’appairage Android Auto et Apple CarPlay. Il y a également la possibilité d’installer des apps directement dans le système pour, notamment, faire confiance à la navigation Here. De ce côté-là, pas de reproches.

Dacia peut répondre aux besoins essentiels en matière d’infodivertissement. Seul bémol. Quand la navigation du smartphone est projetée, les boutons de réglages de volume ne veulent plus changer le son de la radio ou du streaming audio, seulement celui des indications vocales. Il faut alors jouer sur l’écran pour mettre la sourdine ou pas. Un bug déjà rencontré aussi sur d'autres Dacia et chez Renault.

En parlant de boutons, Dacia n’a pas cédé à la tentation du tout au tactile. L’écran central de 10,1" l’est, tactile. Mais il y a des touches pour presque tout. Entre autres, à gauche, pour désactiver l’horripilante alerte de vitesse désormais obligatoire. En réalité, le bouton (en appuyant 2 fois) active les réglages personnels qu’il aura fallu paramétrer auparavant. Un déclencheur à manipuler à chaque démarrage.

Sur la même rampe, il y a aussi le bouton de réglage de hauteur des phares. Très utile quand la voiture est chargée comme une mule ou qu’elle a un attelage à tracter. Toutefois, la touche est trop facilement atteignable, avec le risque de baisser la portée des feux de croisement par inadvertance. Sur le coup, on n’aurait pas été contre un endroit moins accessible. Néanmoins, louons l’ergonomie simple et efficace du Bigster, jusqu’aux boutons de volume au sommet de l’écran…

Un peu dure

Évidemment, le rapport qualité-prix d’une Dacia impose certaines concessions. Si vous n’aimez pas le plastique rugueux, vous serez déçu. Pas de matériaux hypes ou très colorés. Même pour la sellerie, c’est gris foncé, gris clair dans notre finition. Il y a aussi du bleu presque foncé en Expression et du vert à la frontière du kaki en Extreme. C’est la fête ! En même temps, vous me direz, quand on a des enfants et un chien, les sièges en cuir beige, pardon, mais ça craint… Au moins, vous n’aurez pas mal au cœur en cas de catastrophe hygiénique.

Ce plastique, c’est signe de robustesse. Comme les lignes du véhicule et l’impression générale sur la route. Le châssis absorbe le dur mais ne couvre pas toutes les vibrations de la chaussée. Cependant, la suspension a un joli débattement. Dès lors, il est aisé de s’aventurer sur les petites routes forestières parsemées de cratères, voire sur les chemins rocailleux. Le confort des sièges manque de souplesse. Ce qui n’empêche pas d’envisager sereinement de longs trajets. D’autant que la consommation de l’engin est alléchante.

Pour rejoindre les sites de la séance photos, j’ai obtenu une moyenne de 6 l/100 km en la malmenant par moment sous la canicule. En étant plus sage, il est possible de rester à une moyenne de 5,5 l/100 km. Et même un peu sous les 5 l/100 km. Avec ses 50 litres dans le réservoir et les petites escapades du moteur électrique, c’est 1000 km en mode tranquille et au moins 900 km entre deux pleins sans se prendre pour Sébastien Loeb.

En piste

La puissance combinée du Bigster Hybrid 155 est de… 158 ch. Ils sont partagés entre les 109 ch du 4-cylindres 1.8 l et les 49 ch du moteur électrique alimenté par une batterie de 1,4 kWh "autorechargeable". La transmission automatique fait le taf. En soi, si le moteur essence n’était pas aussi ronflant, les transitions se feraient discrètement. Las ! Ne soyons pas vache. Le duo fonctionne bien pour cette traction. Le Bigster, malgré son gabarit, peut s’élancer fièrement au feu vert ou reprendre facilement de la vitesse après un chantier autoroutier.

Mais ce n’est pas une voiture à conduite dynamique. La faute à la direction notamment. Pas assez autoritaire. Pareil pour le freinage. C’est d’abord la facilité d’utilisation qui prime. Cependant, s’il est facile de transporter une bibliothèque Gersby d’une célèbre chaîne d’ameublement suédoise, elle va bien glisser latéralement au premier rond-point si elle n’est pas correctement arrimée. La faute à un roulis plutôt prononcé.

Défi prix

Dacia c’est surtout une question de bonne affaire. Combien coûte le Duster ? En Belgique, le modèle d’entrée de gamme Essential, sans la navigation embarquée, coûte 24.490 € avec sa motorisation 1.2 l de 140 ch. N’oublions pas non plus que la marque franco-roumaine est adepte du GPL. Pour profiter de ce carburant bon marché, le Bigster coûte alors 26.490 €. Mais plus de vraie roue de secours (en option à 150 €) sous le plancher du coffre. Il fallait bien trouver une place pour le réservoir de 50 l pour le LPG.

Quant à la solution Hybrid 155, le prix d’appel est de 29.490 € en août 2025. Le modèle de notre essai avait quelques options et équipements, comme le toit ouvrant (1000 €), le pack hiver (500 €), le pack City avec la caméra panoramique (450 €), la carrosserie bleu indigo (550 €) et les jantes Rasan (250 €). Ajoutons cela et le reste à la finition Journey avec hayon électrique (31.190 €) et on obtient un prix total de 34.390 €.

En France, cette Dacia Bigster de base débute à 24.990 € en finition Essential à 140 ch. Un Bigster Journey hybride de 155 ch avec les mêmes équipements que notre modèle d’essai revient à 35.345 €. Au Grand-Duché de Luxembourg, la gamme débute à 23.680 €. Pour retrouver le même modèle que ce test routier, en hybride de 158 ch, il faut débourser 32.818 €.

En Suisse, c’est minimum 27.990 CHF pour une Dacia Bigster. En la configurant comme sur nos illustrations, la facture va s’élever à 35.290 CHF. Aux Pays-Bas, c’est minimum 31.000 €, avec le LPG de 140 ch. Pour l’hybride de 158 ch, en finition Journey avec les mêmes caractéristiques que ci-dessus, le montant à prévoir affiche 41.120 €. Et tout cela alors qu’il existe également la finition Extreme et un tas d’accessoires, notamment pour le transport et l’attelage, pour alourdir un peu plus la facture dans tous les pays. Mais honnêtement, cela reste raisonnable compte tenu du produit proposé.

 (Olivier Duquesne – Source : Dacia – Photos : © Olivier Duquesne)