

Oscillant entre pop indé, spoken word et une soul 3.0 d’électro, Baxter Dury adore ruer dans les brancards. En ce sens (et quelques autres), il s’inscrit dans une tradition génialement foutraque peaufinée par son paternel Ian.
Ce dernier l’a d’ailleurs associé dès son plus jeune et bien malgré lui à la carrière de son groupe The Blockheads. Encore haut comme trois pommes, âgé d’à peine six ans, il apparaît en effet sur la pochette de l’album "New Boots And Panties" en 1977, le plus emblématique de Ian Dury avec cet hymne aux travers du show business qu’est devenu Sex & Drugs & Rock’n Roll. On pouvait difficilement rêver plus prometteur comme filiation…
En grandissant dans l’ombre d’un père aussi charismatique que Ian Dury, Baxter n’a cependant pas cherché à marcher coûte que coûte dans ses pas. Il a même hésité avant d’embrasser la même carrière. Avec son auguste paternel, il partage plus un sens inné de l’ironie, de l'irrévérence et du second degré qu’une volonté de provoquer à tout prix. Même si le titre de son album "I Thought I Was Better Than You" (2023) peut aussi se décrypter comme un message subliminal envoyé, avec un clin d'oeil appuyé, à l’auteur de "Hit Me With Your Rhythm Stick" ! D’ailleurs, "So Much Money", la plage d’ouverture commence par ces mots : "Hey mummy, hey daddy, who am I ?"
Dès ses débuts, Baxter s’oriente ainsi vers une pop mélancolique, portée par des synthés rivalisant parfois avec de grands orchestres, des basses ronflantes et cette voix voix profonde, flirtant avec le spoken word, dans laquelle on peut déceler une forme de désanchetement. Et souvent, en contrepoint des voix féminines enivrantes voire sensuelles, notamment celle de Madelaine Hart, qui apportent une légèreté aérienne.
Chez les Dury, père et fils, on retrouve de toute évidence un goût certain pour l’autodérision, cet humour typiquement britannique ainsi qu’une plume qui décrit avec finesse et ironie les aléas de la vie quotidienne. Jusqu’au moindre détail apparemment insignifiant…
Entre nonchalance calculée et élégance de voyou cockney, Baxter Dury se joue des codes avec une délectation trouble.
Depuis "Len Parrot’s Memorial Lift", son premier album en 2002 sur le label indépendant Rough Trade, il gravit les échelons sans se presser. Désormais à la tête d’une discographie de neuf disques, le dernier en date s’intitulant "Albarone" (2025), le beau parleur au phrasé hypnotique demeure fidèle à un univers à la fois groovy, mélancolique et empreint de nostalgie autant que d’une pointe d’humour. Un personnage à nul autre pareil…
Prochains concerts :
25 novembre : Ancienne Belgique - Bruxelles (Belgique)
26 novembre : Aéronef - Lille (France)
28 novembre : Paradiso - Amsterdam (Pays-Bas)
4 décembre : Salle Pleyel - Paris (France)
Album : "Albarone" - Heavenly - 2025
(Stéphane Soupart - Photo : © DR - Tom Beard)






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