Ces mots scientifiques à ne surtout pas prononcer devant Trump

A force de signer des décrets, Donald Trump ne souffre-t-il pas de crampes à la main ? Depuis son retour à la Maison-Blanche, il n'arrête pas. Et cette fois-ci, c’est le décret concernant le démantèlement des programmes de diversité et d’inclusion du gouvernement fédéral (DEI) qui inquiète. 

Cette nouvelle mesure a pour objectif d’éliminer toute idéologie pouvant être considérée comme “woke” au sein des agences étatiques. 

Darby Saxbe, professeure de psychologie à l’université de Californie du Sud, craint donc de ne pas pouvoir poursuivre ses recherches sur “l’inflammation systémique et la santé”. Afin d’appliquer le décret, la Fondation nationale pour la science (NSF), qui soutient financièrement la recherche scientifique aux Etats-Unis, a fait passer une note interne incitant les chercheurs à bannir certains termes de leurs travaux, indique le média 20 Minutes. 

Un tri important 

Ce document, sur lequel le Washington Post a pu jeter un œil début février, établit une série de mots susceptibles de faire annuler le financement d’une étude. “Femme”, “activisme”, “minorités”, “barrière”, “trauma”, “défenseur”, “équité”, “bipoc”, “égalité”, “inclusion”..., la liste est longue et elle vient d’être diffusée sur Bluesky par Darby Saxbe. Ce tri de vocabulaire concerne aussi bien les recherches que les formations, les conférences et “toute autre activité de subvention qui utilise ou encourage l’utilisation des principes et cadres de la diversité, de l’équité, de l’inclusion et de l’accessibilité (DEIA) ou qui enfreint les lois fédérales de lutte contre la discrimination”, précise la note interne, citée par le Washington Post.

Et Darby Saxbe de s’alarmer davantage : “Si vous dites que vous allez étudier des hommes et des femmes, vous êtes repéré. Si vous dites que vous allez contrôler le statut socio-économique - une pratique tout à fait courante - vous êtes repéré. Le handicap ? Signalée. Le mot ‘systémique’ figure sur la liste des interdictions, donc si j’étudie l’inflammation systémique et la santé, je suis signalée. Si j’étudie les sciences politiques, je suis signalée. Si j’étudie les traumatismes, je suis signalée”. Alessandro Rigolo, professeur associé en urbanisme, alerte aussi sur les mots "changement climatique", "justice environnementale" ou encore "climat". “Je n’arrive pas à croire que j’écris cela depuis les États-Unis d’Amérique”, écrit-il.

Plus de 3.400 subventions

Au total, ce sont "plus de 3.400 subventions", soit plus de "2,05 milliards de dollars de fonds fédéraux", que le président républicain de la commission du commerce du Sénat américain remet en question, jugeant les projets entamés sous l’administration Biden "douteux". Et comme le soulignait le sénateur du Texas dans un communiqué datant du 11 février : l’administration Trump va “porter un coup de massue aux inepties de la gauche radicale” et “mettre fin à la politisation du financement de la NSF pour rétablir l’intégralité de la recherche scientifique”. 

Mais qui a dit que la liberté d’expression était menacée en Europe ?

(Manon Pierre - Source : 20 Minutes - Illustration : ©Unsplash)