Avec le coup de pouce de Stellantis, la Chinoise Leapmotor T03 est disponible en Europe. Cette citadine 100 % électrique peut-elle faire l’affaire face à une thermique ? En tout cas, le prix est une affaire…
"Pour 20 briques, t’as plus rien !" En matière d’automobile, en Europe, ce n’est pas faux, surtout s’il faut opter pour une électrique. Il y a bien 2-3 exceptions, dont la Leapmotor T03. Concurrente toute désignée de la Dacia Spring, et poussée par Stellantis, la petite cacahuète de 3,62 m de long a été dans nos mains durant quelques jours. L’occasion de vérifier si le jeu en vaut la chandelle. Le style n’est pas révolutionnaire. Elle a des traits typiques de petite automobile asiatique de poche. Pas très large, pas très longue et discrète. En ouvrant la portière, nous découvrons un cockpit sans fioritures, avec des écrans et oh! surprise, des sièges sport à l’avant. Il y a aussi un toit panoramique. Une première rencontre plutôt conviviale. On semble loin de la camelote Temu ou Shein. Reste à la découvrir sur la route.
Wiiiiiizzz
Démarrage avec un bouton puis positionnement de la commande de la transmission à droite sur volant sur D. C’est parti. Et la T03 le dit clairement. Elle émet un sifflement en trois niveaux d’intensité jusqu’à 30 km/h. Un wiiiwwwiiiiz particulièrement agaçant. Mais il est là pour protéger les piétons. Une fois atteint les 31 km/h, il disparaît. Logique ? Oui, à cette vitesse, le bruit des pneus sur la route doit suffire à prévenir les piétons de notre présence. Bon, dans un centre-ville à 30 km/h, il vaut mieux booster le son de la radio. Mais que se passe-t-il ? Mais oui, qu’est-ce qui se passe ? La radio DAB c’est une application qu’il faut activer à chaque démarrage. Et le doigt doit parfois insister sur l’écran pour lancer la musique. Pas question non plus d’Android Auto ou d’Apple Car Play. Pour écouter la musique de son service de streaming, il faut passer par le Bluetooth et le câble USB ou la prise 12V pour éviter de décharger le smartphone. Au moins, il y a un espace dédié pour poser le téléphone en toute sécurité derrière le porte-gobelet (au singulier).
Efficace
Nous voilà donc à plus de 30 km/h pour profiter plus sereinement de la T03. La petite se défend très bien. Son moteur électrique de 95 ch (70 kW) n’a aucun mal à entraîner le poids plume de 1,1 tonne. Une légèreté qui assure de franches accélérations pour un véhicule de ce gabarit, même si au test du chrono de 0 à 100 km/h, elle a besoin de presque 13 s. Cela ne se ressent guère à son volant, surtout en ville. Même sur les routes de campagne, le rythme est valeureux. Cependant, il faut être très intrépide pour oser dépasser un véhicule légèrement plus lent. On va donc rester sagement derrière lui. Sur autoroute, la T03 ne dépassera pas les 130 km/h. Toutefois, jusqu’à cette vitesse, elle garde la cadence. Il n’est pas malaisant de la lancer jusqu’à 100 km/h sur la bande d’accélération avant de s’intercaler entre les camions. Globalement, le châssis de la T03 est conciliant. Classique, il évite les tressautements de la citadine. Et même en chaussant des pneus chinois de 15 pouces, elle assure un bon confort sur les revêtements belges rarement lisses.
Opéra Yueju
La musique chinoise s’invite dans l’habitacle à tout bout de champ. Je parle bien sûr des alertes sonores des aides à la conduite. C’est moins tonitruant que d’autres modèles chinois, mais c’est vraiment omniprésent. Le pire dans tout ça, l’avertisseur d’angle mort chante en oubliant l’essentiel : un flash lumineux dans ou près du rétroviseur. À la place, on a une caméra de contrôle du conducteur à gauche. L’alerte visuelle s’affiche bien, mais sur le combiné numérique derrière le volant. Là où en principe les yeux ne regardent pas pendant un déplacement latéral ou un dépassement. Bizarre. Si vous n’êtes pas fan de musique électronique, il est bien sûr possible de désactiver ses garde-fous via l’écran tactile. En faisant l’économie de boutons sur le volant (en cuir synthétique), la T03 impose également une logique de fonctionnement du régulateur de vitesse particulière, puisque le réglage pour augmenter ou baisser la vitesse durant la progression en cruise control utilise le même bouton que le volume de la radio ! Un régulateur adaptatif avec contrôle de la distance de sécurité réglable, elle, plus conventionnellement avec deux boutons… Pour la climatisation, à l’efficacité aléatoire, il faut par contre passer par le grand écran tactile de 10,1".
Autonomie
Je vous vois venir de loin : "un petit chou comme ça, ça ne va pas rouler longtemps entre deux prises". - Mais que vous êtes médisants. - Déjà, elle fait mieux que la Dacia Spring. "C’est pas difficile ça." - Mais vous allez arrêter oui. - Donc, la Leapmotor a une batterie de 37,3 kWh de capacité nominale. L’autonomie WLTP officielle est de 265 km. Et l’autonomie réelle est de 230 km sur un parcours mixte à des températures printanières, voire estivales. Le plus dingue, c’est qu’en ville, elle pourrait dépasser les 300 km. Sur autoroute, la pause sera obligatoire toutes les 80 minutes environ. En hiver, ce sera toutes les 60 minutes. Avec une puissance de charge DC de 45 kW, la batterie LFP peut se ragaillardir en… 45 minutes pour un bon 150 km en été.
Bon, ce n’est pas le top pour partir en vacances. D’autant qu’elle n’a qu’un tout petit coffre de 210 l. C’est environ le volume d’un caddie de supermarché (210 l à 300 l). Mais, on peut quand même faire ses courses et sortir un peu des villes. Surtout que les excursions à 4 adultes, avec peu de bagages, sont envisageables. La banquette arrière est accueillante et le toit panoramique, avec store électrique, donne une sensation d’espace.
Prix
La Leapmotor T03 est imbattable sur un point : son prix. Et là, on lui trouve une vocation : seconde voiture du ménage. Elle est vendue full option, avec chargeur AC 6,6 kW, toit panoramique, sièges avant sport, aides à la conduite, climatisation, frein à main électrique, caméra de recul, clé Bluetooth, WiFi, etc. pour 18.900 € en Belgique, 19.500 € en France. Pour la peinture métallisée, la seule véritable option, il faut ajouter 700 €. La T03 a été construite, ou plus exactement assemblée sur base de kits, dans l’usine polonaise de Stellantis à Tychy dans l’espoir de contourner les taxes douanières et le fisc français. Raté ! La France, marché essentiel, n’a pas été dupe de la manœuvre. Le stratagème pour éviter le bonus écologique a échoué. Et oui, envoyer des kits, cela émet aussi du CO2 aux yeux de la loi… Dès lors, les modèles T03 qui arriveront désormais seront importés directement de Chine.
(Olivier Duquesne – Sources : Leapmotor & Stellantis – Pictures : © Olivier Duquesne)
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