De son véritable nom Lili-Marlene Primilovich, la chanteuse voit le jour à Détroit (Michigan) avant d’émigrer en Angleterre à l’adolescence.
Cette cousine éloignée de l’Allemande Nina Hagen (avec laquelle elle travaillera d’ailleurs en 1979) a toujours à la fois vibré pour la musique (elle joue même du saxophone) ainsi que toute forme d’expression théâtrale avant-gardiste. Parallèlement à ses divagations sonores avec le guitariste anglais Les Chappell et de premiers concerts avec les bien nommés The Diversions, elle goûte fugitivement au succès en collaborant avec Marc Cerrone, le roi du disco à la française, sur son hit mondial "Supernature". Bien qu’elle ne soit mentionnée nulle part dans les crédits, Lene Lovich en a bien écrit les paroles, assez simplistes par ailleurs.
A la même époque, le label londonien Stiff Records qui accueille déjà Elvis Costello et Nick Lowe, voit en elle un nouveau "Lucky Number" à jouer à la roulette des hit-parades. Une chanson portant ce titre et ponctuée par les piaillements effarouchés qui furent sa signature vocale, figure en ouverture de "Stateless", son premier et mémorable album en 1978. A l’époque, on voyait en elle l’alter ego de Siouxsie. Mais ce premier essai restera aussi son succès le plus notable.
De "Flex" (1979) à "March" (1989) en passant par l’intéressant "No Man’s Land" (1982), ses enregistrements ultérieurs susciteront progressivement de moins en moins d’intérêt. Elle décide alors de prendre une pause d’une quinzaine d’années avant de revenir en 2005 en s’affranchissant de toutes les contraintes du business. Elle auto-produit "Shadows And Dust" et gère elle-même sa carrière, en patient artisan un peu dingo. Elle profite d’une compilation comme "Retrospective" (2018) pour retrouver la scène, fouiller dans sa garde-robe de tenues improbables et, comme à son habitude, forcer sur le maquillage. On la soupçonne d’apprécier être confondue avec la sorcière de Blanche Neige !
A l’instar de Brigitte Bardot, Lene Lovich milite depuis des décennies pour le bien-être animal. Avec la complicité de Nina Hagen, elle enregistre ainsi l’explicite "Don’t Kill The Animals" pour un album concocté par l’association PETA au début des années 80 quand une telle prise de position provoquait plus de ricanements que d'engouement...
(Stéphane Soupart - Photo : © Etienne Tordoir)
Photo : Lene Lovich sur la scène du W-Festival à Waregem (Belgique) le 17 août 2019
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