Elle a vu le jour à Malbourne (Australie) en 1961 et a posé ses vocalises incantatoires sur de nombreux projets musicaux
Aux côtés de Brendan Perry, au sein de Dead Can Dance, on l’a souvent considérée comme une vestale éthérée drapée dans de longues tuniques évoquant la Grèce antique. Lisa Gerrard possède certes une voix de contralto à la tessiture exceptionnelle mais elle a bien débuté au sein d’un groupe punk local nommé Microfilm. Si quelqu’un lui demandait de provoquer un frisson extatique à ses auditeurs en récitant le bottin téléphononique, on l’imagine capable non seulement de relever le défi mais de s’en réjouir. Malheureusement, ce genre d’ouvrages pourtant passionnants a disparu.
A l’instar de grands peintres, sa collaboration avec Brendan se décline en deux périodes, entre 1981 et 1998 puis, de manière irrégulière, depuis 2012. Ensemble, ils ont parcouru plusieurs fois le tour du monde. La dark wave des débuts a rapidement pris une direction incantatoire, tantôt d’inspiration liturgique, tantôt presque shamanique. Parfois discrets, parfois plus faciles à déceler, les emprunts aux folklores des quatre continents sont, pour ainsi dire, devenus une marque de fabrique. D’ailleurs, un des instruments favoris de Lisa reste encore et toujours le yanggin (instrument à cordes chinois frappées plutôt que pincées) qu’on entend sur "The Mirror Pool", son premier album solo en 1995.
Avant de replonger dans une transe méditative, ses admirateurs se demande souvent quelle langue dans Lisa Gerrard s’exprime dans sa musique. Selon ses propres dires, il s’agit la plupart du temps d’un idiome inventé lorsqu’elle était enfant et qui renforce le côté mystérieux de ses psalmodies.
Quant à l’énumération de ses collaborations, aussi diverses que variées, leur liste ressemblerait à un inventaire à la Prévert. On remarquera cependant un intérêt pour le cinéma avec des choix parfois surprenants comme "Gladiator" de Ridley Scott (2000) ou même "Mission Impossible" avec Hans Zimmer. Mais le plus souvent, elle reste fidèle à l’image qu’on se fait d’elle en optant pour des productions indépendantes ou carrément avant-gardistes. Fièrement inclassifiable et pourtant directement identifiable, Lisa Gerrard n’a donc pas fini de nous surprendre tout en restant égale à elle-même. La cadrature du cercle en quelque sorte….
(Stéphane Soupart - Photo : © Christophe Dehousse / Music Belgium Photos)
Photo : Lisa Gerrard en solo sur la scène du Forum à Liège (Belgique) le 9 février 2025
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