Né un 4 avril : Hugh Masekela, la conscience du jazz africain

Il a vu le jour en 1939 en Afrique du Sud à une époque où les droits de la population noire étaient inexistants

  A défaut d’une bonne fée se penchant sur son berceau dans un township, le jeune-homme a pu compter sur une étoile bienveillante à l'adolescence en la personne d’un prêtre anglican qui lui conseille d’apprendre la trompette. Il lui en offre même une qui avait appartenu à la légende du jazz Louis Armstrong ! Ainsi équipé, le jeune Hugh se devait de rivaliser avec celui qu’on surnomme Satchmo. Pionnier du jazz africain, aux côtés notamment de Manu Dibango, le trompettiste s’est rapidement retrouvé à New York où Dizzy Gillespie et même l’irascible Miles Davis le prennent sous leur aile protectrice. C’est également dans la Grosse Pomme qu’il épouse Miriam Makeba puis divorce quelques années plus tard juste avant qu’elle n'enregistre son fameux "Pata Pata". Mais ils continueront à partager les mêmes combats contre l’apartheid…

 Si Masekela connait son premier grand succès avec le très consensuel instrumental "Grazing In The Grass" (1968) qui détrône le "Jumpin’ Jack Flash" des Rolling Stones en tête des ventes aux USA, on se souvient surtout de lui comme une des consciences de la musique africaine avec "Soweto Blues" (1976) sur les massacres dans le township chanté par Makeba ou encore "Bring Him Back Home" (1987) pour la libération de Nelson Mandela. L’hypnotique "Afro Beat Blues", dans l’esprit de Fela Kuti, est aussi emblématique de même que le déchirant "Stimela (The Coal Train)".

  Il est aussi connu pour avoir participé à l’album "Graceland" (1986) de Paul Simon et l’avoir ensuite accompagné en tournée dans le monde entier en porte-voix contre l'apartheid et la ségrégation défendus jusqu'au bout par Frederik de Klerk. Le trompettiste éclectique et engagé est décédé des suites d’un cancer en janvier 2018 à Johannesburg.

(Stéphane Soupart - Photo : © Etienne Tordoir)

Photo : Hugh Masekela sur la scène de Forest-National à Bruxelles (Belgique)  en juin 1989