Il a vu le jour1953 à Wolverhampton de parents irlandais originaires du comté de Mayo. Sa destinée artistique est inextricablement liée à un hymne : "Come On Eileen"
Très tôt, la musique devient un échappatoire à un parcours scolaire pour le moins tumultueux. Il abandonne d’ailleurs les bancs de l’école à l’âge de 15 ans. Désormais seuls ses envies musicales le guideront au gré des rencontres. Inspiré par Bryan Ferry et Roxy Music, période glam, son premier groupe s’appelle Lucy & The Lovers. Evidemment, il n’est pas insensible non plus à l’éclosion du punk, une musique mais surtout une certaine "philosophie" rebelle qui correspondent mieux à sa personnalité. D’une certain manière, les Killjoys servent de matrice aux Dexys Midnight Runners lorsque Rowland décide de conserver une énergie parfois brouillonne et d’y inclure des cuivres, un peu de violon ainsi que quelques influences folk. Cette fois, il envisage les Dexys plus seulement comme un exutoire libérateur mais aussi comme un métier. Il impose une discipline de fer à ses comparses ainsi que des salopettes en jean. Un petit plus qui fait mouche pour l’image. “Il n’y avait rien à perdre et les Denys représentaient tout pour nous. Nous nous sommes donc donnés à 100% et même plus" se souvient-il.
Ce n’est pas parce qu’on recherche la notoriété qu’on voit nécessairement s’abattre la tornade du succès avec flegme et sérénité. Beaucoup d'artistes en ont fait les frais et ont parfois mis des années à s'en remettre. Kevin Rowland fait partie de ceux-là. Cornaqués par les ambitions de leur (maître) chanteur, les Dexys explosent donc avec l’album "Searching For The Young Soul Rebels" et les singles "Geno" (1980) et surtout "Come On Eileen" (1982), élu meilleur 45 tours anglais aux Brit Awards. Le tempérament de feu et les dérives autoritaires de Rowland minent cependant la cohésion d’un groupe dont il veut rester le maître absolu.
Après l’échec critique de "Don't Stand Me Down" (1985), il sombre : dépendance à la cocaïne, séparation de,son label discographique et même faillite personnelle. Pendant des années, les lendemains de la gloire ont donc déchanté pour lui.
Après avoir dompté ses démons, il revient en 1999 avec l’album controversé "My Beauty". On peut affirmer qu’il fait le buzz apparaissant vêtu d’une robe et arborant un maquillage qu’on qualifiera d’outrancier. Toujours rebelle dans l’âme, Rowland non seulement assume pleinement mais se délecte aussi des réactions suscitées.
En 2003, tel le Phénix, les Dexys renaissent de leurs cendres de manière plus pérenne en abandonnant progressivement le Midnight Runners. Mais il faudra attendre 2012 pour que l’album "One Day I’m Going To Soar", le quatrième du groupe seulement ne voie le jour. En 2016, "Let the Record Show: Dexys Do Irish And Country" explore ses racines irlandaises en évoquant parfois les Pogues tandis que "The Feminine Divine" (2023), très introspectif et personnel, interroge notamment les rapports parfois problématiques de l’auteur aux femmes.
Sa récente autobiographie "Bless Me Father "dévoile une vie cabossée qui mène néanmoins aujourd’hui vers une sorte de paix intérieure. L’éternel rebelle semble avoir enfin trouvé son équilibre…
(Stéphane Soupart - Photo : © Etienne Tordoir)
Photo : Kevin Rowland avec les Dexys Midnight Runners sur le plateau de ‘émission télé "Génération 80" à Bruxelles (Belgique) en 1982
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