De son vrai nom John Joseph Wardle, il a vu le jour en 1958 à Stepney, dans l'Est de Londres. Il est surtout connu (et reconnu) pour son jeu de basse particulier et pour ses innombrables collaborations.
Si Johnny Rotten redevenu Lydon a évidemment attiré l’essentiel de l’attention médiatique lors de la formation Public Image Ltd (PIL pour les intimes) en 1979, le projet post-punk du turbulent ex-Sex Pistols n’aurait pas eu la même saveur sans la présence initiale de Jah Wobble notamment sur l’album "Metal Box" (1979) qui a initialement été proposé à la vente dans une boîte ronde en aluminium comme celles qui abritaient les pellicules de cinéma. Les deux artistes partageaient certes le même intérêt pour le reggae et surtout le dub mais rapidement le caractère pour le moins volcanique de Lydon (ainsi que l'usage de drogues) attisent tensions et frustrations. Wobble jette donc l’éponge. Même s’il a toujours croisé sa plume à celle de Lydon pendant le court laps de temps de leur collaboration, il a officiellement été viré pour avoir emprunté des bribes de mélodies de PIL sur son premier album "The Legend Lives On…" (1980).
Il doit son nom de scène nom de scène, Jah Wobble, à son ami d’enfance Sid Vicious qui s’amusait de l’allitération et trouvait sans doute que la définition du mot (osciller) convenait mieux à sa personnalité. Autodidacte influencé par le dub jamaïcain (il a d’ailleurs collaboré avec Don Letts et Keith Levene), il développe très tôt ce style ronflant et hypnotique qu’on retrouve sur les innombrables versions de "How Much Are They ?" (1981), toujours pierre angulaire de son répertoire.
Après avoir quitté PIL, Jah Wobble se lance dans une carrière solo prolifique, explorant une grande variété de genres : dub, world music, ambient, jazz et même musique industrielle défiant ainsi toutes les étiquettes. Il forme le projet The Invaders of the Heart, qui mêle musiques du monde (Afrique, Moyen-Orient, Asie), rythmiques dub et expérimentations sonores parfois absconses. Leur album "Rising Above Bedlam" (1991) est nommé au Mercury Prize dans son pays natal.
Wobble a aussi collaboré avec de nombreux artistes au fil des décennies parmi lesquels Brian Eno, Holger Czukay (Can), Sinead O’Connor, Bill Laswell, et beaucoup d’autres.
Le style de Wobble est unique : il combine une basse lourde et répétitive à des influences culturelles variées, créant une musique méditative mais puissante. Les titres de certains de ses albums ne laissent aucun doute sur le terreau dans lequel il décide de planter ses lignes de basse : "Chinese Dub" (1997), "Elevator Music Vol 1a" (1997) dont la suite se fait toujours attendre, "Car Ad Music" (2005), "Maghrebi Jazz" (2018) ou le récent "Dub Vol. 1" (2025).
Comme beaucoup d’artistes de sa génération, il a écrit une autobiographie intitulée "Memoirs of a Geezer" (2009) dans laquelle il partage bien évidemment des souvenirs et anecdotes de son sinueux parcours musical mais s’épanche également sur les matras qui le guident spirituellement.
(Stéphane Soupart - Photo : © Etienne Tordoir)
Photo : Jan Wobble sur la scène du festival Mallemunt à Bruxelles (Belgique) le 5 août 1983
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