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Le jour où Vladimir Poutine est devenu président… par intérim

parOlivier Duquesne
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31 Mar 2025 08h59
Russian dolls with Gorbatchev, Yeltsin, Putin, Medvedev
© picture alliance / Westend61 | Tanja Zizala

Le 31 décembre 1999, le président russe Boris Eltsine démissionne. Et c’est son Premier ministre, ancien du KGB, du reprend le flambeau, par intérim. Un certain Vladimir Poutine. Voici cette histoire…

Entre 1990 et 1991, l’Union soviétique (URSS) est en décomposition. En 1990, le président russe s’appelle alors Boris Eltsine. Face à lui, le président de l’URSS : Mikhaïl Gorbatchev. Un putsch pour faire tomber Gorbatchev échoue en août 1991 avec comme figure de proue de ce sauvetage, Boris Eltsine. Grâce à son charisme, il effacera le père de la Perestroïka pour devenir le leader incontesté de son pays. C’est le début de l’ère Eltsine, soutenu par les Occidentaux, avec une Russie sans ses pays satellites de l’ex-URSS. Tout l’appareil d’État est réformé à vitesse grand V pour faire de la Russie une démocratie et laisser des pays comme la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, l’Ukraine, la Géorgie, l’Ouzbékistan et bien d’autres vivre leur destinée sans Moscou.

Mal parti

Malheureusement, tout va trop vite. La société russe n’est pas prête à embarquer à un tel rythme à l’économie de marché. Le système s’effondre et la richesse promise ne profite finalement qu’à quelques privilégiés. La situation est catastrophique pour de nombreux citoyens. Eltsine tente de rassurer le peuple en lui demandant de la patience et lance la première guerre en Tchétchénie pour prouver que la Russie reste un pays puissant. En 1995, le parti communiste gagne les élections législatives. Preuve d’une défiance du peuple. L’État n’est même plus capable de payer les retraites.  Le pronostic pour les présidentielles de 1996 est très mauvais pour le président Eltsine. D’autant que son état de santé est vacillant. Il a déjà eu plusieurs alertes cardiaques. Tout porte à croire qu’il va perdre en 1996.

Revirement de situation

Et pourtant, Boris Eltsine gagne in extremis les élections présidentielles de 1996, avec l’appui financier et politique de dirigeants occidentaux horrifiés à l’idée de voir le communisme reprendre le pouvoir en Russie. Il pourra aussi compter sur un pool de conseillers hors pair et sur une entourloupe financière avec l’aide d’oligarques, banquiers pour la plupart, pour financer les réformes et rassurer le portefeuille des Russes. Il signera également un accord de paix en Tchétchénie pour ramener les soldats à la maison. Sa réélection fera surtout la fortune de ses mécènes et rassurera l’occident. Pour l’épauler, il y aura dans son équipe, à partir de 1997, un ancien membre du KGB qui a fait ses preuves à la mairie de Saint-Pétersbourg : Vladimir Poutine. Tout va s’accélérer pour ce dernier en 1999.

La démission providentielle

Poutine profite de la crise financière de 1998 et des services rendus à Eltsine pour grimper les échelons à Moscou. Il finira Président du gouvernement en août 1999, à savoir Premier ministre. Le timing est parfait. Boris Eltsine commence à avoir du mal à garder les rênes du pouvoir, sa santé devenant de plus en plus délicate alors que la contestation gronde. D’autant que la Russie doit faire face à des attentats qui la poussent à relancer la guerre en Tchétchénie. Ses proches et conseillers le poussent à la démission pour raison de santé. Ce sera chose faite le 31 décembre 1999.

Au sommet pour l’éternité

Comme le veut la constitution russe, c’est le 2e personnage d’État qui reprend la présidence par intérim jusqu’au scrutin. Cet homme s’appelle Vladimir Poutine. Il reprend l’intérim, en prenant soin de signer les décrets protégeant Boris Eltsine. Il gagnera ensuite les élections de mars 2000 avec 52,94 % des voix. Depuis, malgré l’épisode de son lieutenant Dmitri Medvedev pour raison constitutionnelle (interdiction d’avoir plus de 2 mandats présidentiels), il est toujours resté au pouvoir pour tirer les ficelles de la Russie. D’autant qu’il fera modifier la Constitution à sa guise pour s’assurer la pérennité du pouvoir jusqu’en 2036 et l’immunité absolue.

(Olivier Duquesne – Source : Wikipédia, “1996, hold-up à Moscou” film de Madeleine Leroyer - Arte & divers – Picture : © picture alliance / Westend61 | Tanja Zizala)