

Il a grandi dans la station balnéaire de Blackpool en 1959 et reste dans l’ombre de Marc Almond. Dave Ball nous a quitté ce 22 octobre. Toujours aussi discrètement...
Dave Ball entame des études à l’école polytechnique de Leeds et y découvre les premiers synthétiseurs "transportables" et financièrement abordables comme le Moog. Première rencontre essentielle pour sa carrière. Celle de ces instruments qu'il a toujours pris un malin plaisir à pousser dans leurs derniers retranchements. Il y croise également Marc Almond, aussi extraverti que lui peut être réservé.
Ensemble, ils forment dès 1978, le duo Soft Cell dont les titres sans aucun instrument analogique deviennent des hymnes incontournables des discothèques. Plutôt que leurs compositions originales, parfois très sombres ou extrêmement provocatrices, ils atteignent les sommes avec des reprises méconnaissables de vieux classiques poussiéreux comme "Tainted Love" de Ed Cobo d’abord popularisé par Gloria Jones en 1964 ou bien évidemment "Where Did Our Love Go ?" composé par le célèbre trio Lamont-Dozier-Holland pour les Supremes également en 1964. Comme beaucoup, emporté par le tourbillon du succès, il a malheureusement sombré pendant de longues années dans une consommation excessive non seulement d’alcool mais aussi de substances bien plus addictives et nocives.
Avant même la première séparation de Soft Cell en 1984, il produit l’ambitieux "In Strict Tempo" (1983) dont certaines ambiances comme "Mirrors" évoquent une bande originale d’une improbable suite du "Psycho" d’Alfred Hitchcock qui resterait à tourner i
Que ce soit pour ses sporadiques enregistrements personnels ou ses nombreuses collaborations, Dave Ball opte presque toujours pour des chemins de traverse souvent abrupts. Que ce soit "Other People" (avec son épouse Gini), "English Boy On The Loveranch" ou son passage éclair au sein de Psychic TV, les projets auxquels il associe son nom ne durent qu’un temps.
Depuis la réunion certes épisodique de Soft Cell en 2001, Dave Ball n’a pas abandonné ses expériences souvent fugaces. Il a ainsi monté Nltewreckage de toutes pièces en 2011 mais le groupe semble avoir sombré après leur premier album "Take Your Money And Run". Il a aussi enregistré le très expérimental "Photosynthèses" avec le pianiste Jon Savage.
Toujours aux côtés de Marc Almond, Dave Ball préfère toujours l’ombre à cette lumière dans laquelle son comparse adore se contorsionne. Alors que Dave, suite à des complications post-opératoires était depuis quelque temps condamné à la chaise roulante, il a néanmoins eu le temps et la force d'enregistrer avec Marc un album qui verra le jour l'année procahine.
J'ai appris son décès en écoutant"Il est toujours 5h quelque part", l'excellent podcast de Rudy Léonet disponible sur toutes les plateformes (de Spotify à Apple Music en passant par YouTube). Je lui laisse le mot de la fin : "Statique derrière son clavier, il avait parfois l'air inquiétant. Il est un peu dommage qu'il n'ait pas obtenu de son vivant la reconnaissance à laquelle il aurait pu prétendre (..) Ils ont pourtant composé ensemble un nombre impressionant de chansons formidables (..) en leur imprimant une approche très soul plutôt que simplement robotique. Soft Cell a aussi apporté une approche très underground avec des chansons sur les amphétamines ou même sur des nains prostitués ("Sex Dwarf") !". En souvenir de Dave Ball, Rudy a choisi "Numbers" qui parle de la thématique du "body count" (décompte du nombre de partenaires d'un individu avec l'optique le plus souvent que l'addition de ceux-vi soit le plus élevée possible) sur l'album "The Art Of Falling Apart" (1983).
(Stéphane Soupart - Photo : © Etienne Tordoir)
Photo : Dave Ball avec Soft Cell sur la scène du Manhattan à Leuven (Belgique) le 11 mars 1983






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