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In Memoriam 22 mars : Gabi Delgado (D.A.F.), incarnation de l’Electro Body Music

parStéphane Soupart
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22 Mar 2025 10h45
DAF - Gabi Delgado © Etienne Tordoir
© Etienne Tordoir

De son nom complet Gabriel Delgado Lopez, il a vu le jour en 1958 à Cordoue mais, à cause de la dictature franquiste, son père a rapidement fui l’Espagne pour s’installer en Allemagne

En 1966, la famille prend donc son baluchon pour finalement poser ses valises dans la région de Düsseldorf où Gabi Delgado obtiendra rapidement la nationalité allemande. Mais toute sa vie, entre Londres et Zürich, entre Berlin et l’Andalousie, la figure de proue de l’EBM, nomade dans l’âme, changera souvent de point de chute.

Avec près de 50 années de distance, il est difficile d’imaginer à quel point l’irruption de Deutsch-Amerikanische Freundschaft, duo formé par Gabi et par le métronomique batteur Robert Görl, a été disruptive à la toute fin des années 70. Avec un sens de l’ironie consommé, voire même une forme de cynisme, le duo n’a certainement pas choisi son nom de guerre (Amitié germano-américaine) par admiration béate pour l’Oncle Sam. Loin de là ! A l’aune du refroidissement notable des relations transatlantiques provoqué par  les excès trumpistes, on peut même y déceler une forme de prémonition…

Lorsque D.A.F. entame sa première tournée d’envergure en 1981, le duo peut non seulement s’appuyer sur l’incendiaire (et controversé) "Der Mussolini" mais aussi sur un gimmick qui marque les esprits. Sur le devant de la scène, souvent grimaçant, Gabi virevolte et éructe de sa voix gutturale. Derrière lui un mur d’une vingtaine de decks cassettes chacun avec l’ossature musicale (électro basique) d’un seul titre. Gabi appuyait sur "start" et, bucheron derrière ses fûts, Robert Görl commençait à frapper comme un sourd. Du jamais vu ! Dans ce maelström volcanique, la formation de pianiste classique du bonhomme disparaissait complètement.

Après quelques tensions, des retrouvailles éphémères et cinq albums jusqu’en 1986, les deux comparses partent chacun dans une direction plus personnelle. Avant de retrouver Görl en 2007, Delgado participera à une poignée de projets dans le même genre musical et enregistrera "Mistress" en 1983 sans grand succès. Avec son côté répétitif et hypnotique mais aussi ses références trance "Viva la droga electronica" est sans aucune doute l’antienne qui décrit au mieux les obsessions musicales du roi germanique de l’EBM.

Gabi Delgado nous a quitté le 22 mars 2020 des suites d’une crise cardiaque fulgurante.

(Stéphane Soupart - Photo : © Etienne Tordoir)

Photo : Gabi Delgado avec Deutsch-Amerikanische Freundschaft sur la scène du Disque Rouge à Bruxelles (Belgique) en novembre 1981