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Gravas au Bota : le charme discret du mélanco-minimalisme

parLéopold Marie
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17 Apr 2025 12h30
Gravas - Aurélie Gravas (Botanique, Bruxelles)
© Music Belgium Photos

Le Botanique, salle bruxelloise toujours à l’affût des talents émergents, avait eu la bonne idée de programmer ce 16 avril, sous les briques voûtées du Witloof Bar, le trio Gravas, dont on reparlera à coup sûr et dont le premier album éponyme occupera à n’en pas douter une place de choix dans nos playlists 2025.

La peinture ouvre-t-elle des fenêtres musicales? La musique porte-t-elle une dimension picturale? A ces questions, les compositions d’Aurélie Gravas (chant et guitare), peintre dans une autre vie, tentent de répondre par petites touches minimalistes et souvent mélancoliques, dessinant une ligne claire et singulière.

Tout en retenue pointilliste, dans la première partie du concert, le charme de Gravas opère, porté par la voix fragile mais toujours précise d’Aurélie, qui convoque une large gamme de couleurs : on pense à la sauvagerie de PJ Harvey (I’m on Earth), au phrasé nonchalant de Suzanne Vega (Apache et Kitoko), à la fragilité fantomatique d’Alison Statton (Young Marble Giants, sur Queen Evelyn ou A Bouncing Pickle), aux balades folk de Katie Crutchfield (Waxahatchee, sur Is it the Moon?) ou aux ritournelles acidulées des Sundays (le très réussi Teepees, premier extrait de l’album, qui nous trotte dans la tête depuis janvier).

Aidée par Françoise Vidick (percussions et chant, ex-Joy) qui tisse avec elle des harmonies vocales aériennes et par la guitare abrasive et bourdonnante du vétéran Marc A. Huyghens (Venus, à la production de l’album), qui pi(g)mente la palette chromatique et sonore du groupe, Aurélie Gravas fait la part belle à des petits tableaux hantés et fiévreux, dont les motifs répétitifs et obsédants allument quelques zones de couleurs dans un ensemble aux textures plutôt tamisées. 

Même si Gravas se frotte parfois avec succès au français (La Vieille, Le Femme d’Ali), c’est dans la langue de Shakespeare qu’on est transporté vers les rivages d’outre-Manche, lorgnant vers The Monochrome Set, The Durutti Column, Moriarty ou Tarnation.

En deuxième partie de set, la caresse se fait gifle et les guitares deviennent plus cinglantes, Gravas révélant des recoins plus sombres de son tableau mélodique. Personne ne s'en plaindra.

Au final, la puissance poétique de ce groupe attachant fait mouche, oscillant entre méditations mélancoliques et décharges électriques...

(LM - Picture : Music Belgium Photos)