Il a vu le jour en 1947 à Muskegon dans le Michigan et a très rapidement décidé qu’il ne rentrerait jamais dans le rang. Du haut des ses 78 printemps, il s’est un tantinet assagi mais éructe toujours "I Wanna Be Your Dog" à moitié à poil !
Ce 4 août dans le cadre des 50ème Lokerse Feesten dans la petite cité entre Sint-Niklaas et Gand, il fera une fois de plus exploser ue soirée qui séduira indéniablement les nostalgiques du punk. A ses côtés, les Irlandais de The Undertones n’ont pas retrouvé leur emblématique chanteur Feargal Sharhey lorsqu’ils se sont reformés en 1999 mais presque tous les autres ont réponde à l’appel notamment les frères O’Neill aux guitares. S’ils ont encore enregistré de nouvelles chansons en 2007 sur l’album "Dig Yourself Deep", il faut bien avoir qu’on attend surtout de leur part leur par une résurrection des hymnes teenage de "The Undertones" (1979) et "Hypnotised"(1980) et évidemment ce "Teenage Kicks" qui reste un hymne à l’insouciance et aux premières amours adolescentes. Ils seront rejoints par deux autres légendes d’un punk anglais qui, à l’instar du festival qui les invite célèbre lui aussi un demi-siècle d’existence. En effet, The Damned avec toujours Dave Vanian et Captain Sensible aux manettes, ont sorti leur premier 45t "New Rose" sur le label Stiff Records en octobre 1976. Légende oblige, sans Sid Vicious décédé en 1979, ni Johnny Rotten présidant aux destinées de PIL, les Sex Pistols ont néanmoins conservé l’essentiel du line-up originel avec Steve Jones (guitare), Glenn Matlock (basse) et Paul Cook (batterie). Pour leur dernières reformations éphémères, c’est Frank Carter qui empoigne le micro pour hurler "Anarchy In The UK". Véritablement inventés par Malcolm McLaren, escroc magnifisque devant l’Eternel, les Sex Pistols ne possèdent encore et toujours qu’on seul album studio à leur actif "Never Mind The Bollocks Here’s The Sex Pistols" (1977). Et leurs premiers singles, "Anarchy In The UK" (1976) et "God Save The Queen" (1977), restent les témoins d’un mouvement punk qui ruait avec jubilations dans les brancards et cherchait clairement à se faire censurer par les autorités. Bref la quintessence d’un mouvement punk qui est rapidement rentré dans le rang…
PORTRAIT D’UN IGUANE
Enregistré sous le nom de James Newell Osterberg Jr auxès de l’Etat Civil de son patelin, celui qui n’a jamais enregistré une seul refrain vraiment pop a sans aucune doute choisi son nom de scène, Iggy Pop, avec un sens aigu du second degré ! Ces deux surnoms les plus connus, Grand-père du punk et L’iguane (il fut d’ailleurs batteur pour u groupe nommé The Iguanas au milieu des 60s), continuent de le ravi après six bonnes décennies de carrière menée tambour battant. Alors qu’il deviendra octogénaire dans une poignée d’années, Iggy semble parfois s’être assagi. Mais une des dernières fois où je l’ai vu sur scène en août 2022, il se produisait de manière assez incongrue au Jazz Middelheim Festival près d’Anvers (Belgique). S’il était bien épaulé par un trio de cuivres assez peu audible, de jazz il ne fut guère question même une seule seconde. Comme à son habitude, il s’est retrouvé torse nu dès le deuxième morceau en fourrant toujours son micro dans son pantalon avec le même enthousiasme. A son répertoire, les brûlots dévastateurs des Stooges comme "I Wanna Be Your Dog" et "Fun House" occupaient toujours une place centrale. Iggy Pop restera donc toujours égal à lui-même même si, il faut le reconnaître, son torse toujours aussi svelte affiche désormais le poids des ans…
Comme il s’avère impossible de résumer la prolifique carrière du bonhomme, on se contentera ici de quelques jalons importants. En commençant évidemment par les Stooges aux côtés desquels les punks les plus gardcore comme les aficionados du death metal passent pour de gentils enfants de coeur. En quatre albums aux titres explicites comme "Raw Power" (1973) ou le live "Metallic K.O." (1976), ils ont fait trembler les Etats-Unis. En se reformant un quart de siècle plus tard, les Stooges ont même réussi l’exploit de conserver cette dangerosité explosive qui était leur marque de fabrique. Oreilles fragiles s’abstenir cependant…
Après la séparation des Stooges, rongé par les excès en tous genres, Iggy Pop traverse une très mauvaise passe. Il vit dans la rue, s’adonne aux drogues les plus dures et aurait pu en mourir. Il passe même un an dans un hôpital psychiatrique. Epaulé par David Bowie qui veut lui aussi se débarrasser de certains démons, les deux hommes s’installent à Berlin et nouent une solide amitié ainsi qu’une complicité artistique. Alors que Bowie peaufine ce qu’on appellera ensuite sa trilogie berlinoise, Iggy Pop s’engage lui aussi sur la voie d’une rédemption créative en enregistrant deux de ses meilleurs albums coup sur coup en 1977. Empruntant son titre à un roman de Dostoïesvski, "The Idiot" possède un côté expérimental surprenant et comporte "China Girl" que Bowie popularisera en 1983 en en arrondissant les angles. "Nightclubbing" deviendra lui un marqueur indélébile dans la carrière de Grace Jones. Quelques mois plus tard, en 1983 "Lust For Life" est une déclaration sans ambage, un retour gourmand à la vie. Au sens propre. Sur le même album, on trouve aussi "The Passenger", sans aucun doute son plus grand succès populaire. Désormais remis sur les rails, Iggy Pop enregistrera une vingtaine d’albums studio par la suite sans démériter et avec même quelques fulgurances comme "Blah-Blah-Blah" (1986) et son "Real Wild Child".
Pour terminer le portrait de cet artiste lnsaisissable, on mentionnera encore son interprétation de "In The Death Car" pour le film "Arizona Dream" (1993) d’Emir Kusturica et l’étrange mais fascinant "The Acid Lands" (2020) sur lequel sa voix caverneuse fait des merveilles. Sans oublier ses nombreuses apparitions au cinéma pour son ami Jim Jarmush (par trois fois), pour John Waters ou encore Tim Pope.
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(Stéphane Soupart - Photo : © Etienne Tordoir)
Photo : Iggy Pop sur la scène du festival de Torhout (Belgique) le 5 juillet 1987
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