Mardi, les yeux accusateurs de Washington se sont tournés vers l'Europe. Selon le rapport 2024 du département d’État américain, certains pays européens dont le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, restreignent la liberté d'expression et entraînent ce que les États-Unis qualifient de "détérioration" des droits humains.
Le rapport 2024 du département d’État américain fait office de document de référence mais suscite de nombreux débats concernant son orientation, très (trop) proche des priorités du président américain Donald Trump.
Dans ce rapport, Washington fait référence à “des informations crédibles faisant état de restrictions graves à la liberté d’expression” et déclare avoir remarqué une augmentation des actes antisémites en France. Pour ce qui est du Royaume-Uni, les États-Unis redoutent l'arrivée de la nouvelle loi relative à la sécurité en ligne, qui a pour but de préserver les mineurs, mais qui est la cible de vives critiques sur X, le réseau social d’Elon Musk. Quant à l'Allemagne, la Maison-Blanche s'inquiète pour le "recul" de la liberté d'expression. Une situation qui avait été mise en exergue par le vice-président J.D. Vance lors d’une prise de parole à Munich.
Selon les affirmations d’un responsable américain, Washington souhaite engager “des discussions franches avec nos partenaires et alliés sur ce que nous considérons comme de la censure ou défavorisant certaines voix, qu’elles soient politiques ou religieuses”.
Une édition problématique
Le rapport des Etats-Unis, mandaté par le Congrès, est publié chaque année au printemps, il fait état de la situation des droits humains à travers le monde, renseigne le média 20 Minutes.
Et l'édition 2024 fait l’objet d’une attention toute particulière puisqu’elle a été amendée pour s'aligner aux orientations et priorités de l’administration Trump, soulignant l'importance de la lutte contre le droit à l'avortement et contre les politiques de diversité. “Les rapports de cette année ont été simplifiés afin d’être plus utiles et accessibles […] et de s’aligner sur les décrets de l’administration”, précise le document.
Une crédibilité mise à mal
Une simplification et un réalignement que les ONG ainsi que les élus démocrates ne voient pas d'un bon œil, craignant de voir débarquer une politisation. “Les mesures prises par l’administration Trump pour édulcorer et politiser ces rapports compromettent leur objectif même et nuisent à la crédibilité du département d’Etat”, a indiqué le sénateur américain Chris Van Hollen.
Alors que le Salvador, proche allié de Trump, est épargné, le Brésil et l'Afrique du Sud, dont les relations avec Washington ne sont pas au beau fixe, font l'objet d'un jugement sévère. Brasilia se trouve, par exemple, sous le feu des critiques en raison de “mesures excessives et disproportionnées” qui limitent l’accès à certains contenus publiés sur internet. Des traitements de la part de Washington qui reflètent particulièrement cet état de tensions.
(Manon Pierre - Source : 20 Minutes - Illustration : ©Unsplash)
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