Tagtik

TAGTIK NEWS - ALLONS A L'ESSENTIEL

In Memoriam : Amadou Bagayoko (Amadou et Mariam), dimanche de tristesse à Bamako

parStéphane Soupart
|
06 Apr 2025 13h00
Amadou Bagayoko
© Music Belgium Photos

Devenu aveugle à l’âge de 15 ans des suites d’une cataracte précoce et figurante, Amadou a vu le jour dans son Mali bien aimé en 1954 et nous a quitté ce 4 avril à l’âge de 70 ans

Depuis les années 80, son parcours artistique comme sa vie privée sont intimement liés à Mariam Doumbia de quatre ans sa cadette. Tous les deux atteints de cécité, ils dressent depuis leurs débuts d’émouvants instantanés naïfs et indéfectiblement positifs  de la société malienne comme le récent "Mogolu" en langue bambara (parlée au Mali) peut-être traduit par Les gens. C'était déjà la cas en 2005 avec, par exemple, le refrain de "La fête au village". Comme  beaucoup d’autres artistes africains, le duo n’hésite pas non plus à épouser des causes qu’ils jugent essentielles comme la lutte contre la faim, ni à marteler des opinions politiques dictées à la fois par le bon sens et une volonté de justice pour tous comme "Ce n’est pas bon" (sur l’album "Welcome to Mali") ou "Afrique mon Afrique" avec Bertrand Cantat (sur "Folila" en 2012). Chaque fois avec des mots simples qui font mouche…

  Et ils se déclarent aussi très régulièrement leur indéfectible amour mutuel comme, en 2024, avec  "La vie est belle" et bien entendu l’emblématique "Je pense à toi" ourlé de ces sonorités électriques typiques qui évoquent Vieux Farka Touré ou les mélodies chères à Rokia Traoré. Car Amadou était aussi un excellent guitariste nourri des magiques arpèges locaux, un style qu’on appelle souvent le Bajourou.

  En Europe, un coup de pouce bienvenue Manu Chao a permis a Amadou & Mariam de toucher le grand public en 2005 avec l’album "Dimanche à Bamako" et le grand succès populaire de "Sénégal Fast Food" interprété avec l’ancie chanteur de La Mano Negra. Dans la foulée, ils décrochent même une Victoire de la Musique dans la catégorie Musiques du Monde. 

  A l’instar d’autres artistes africains, comme Touré Kunda, Amadou & Mariam n’ont jamais hésité à confier leurs comptines magnifiquement désuètes à des sorciers du son ("Sabali") ou à se faufiler dans les discothèques en donnant carte blanche à un remixeur comme Major Lazer pour "Mogolu". Amadou se plaisait d'ailleur à répéter que "les rencontres; c’est la vie !".

  En septembre 2024, en clôture des Jeux Paralympiques de Paris, ils interprétaient "Je suis venu te dire que je m’en vais" de Serge Gainsbourg, une touchante prestation devant les spectateurs du monde entier qui résonne aujourd’hui comme un requiem avant l’heure.

  

(Stéphane Soupart - Photo : © Music Belgium Photos)

Photo : Amadou Bagayoko sur la scène de l’Ancienne Belgique à Bruxelles (Belgique) le 27 mars 2024