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Née un 5 juin : Laurie Anderson, "O Super(wo)man"

parStéphane Soupart
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05 Jun 2025 11h00
Laurie Anderson
© Etienne Tordoir

Depuis près d’un demi-siècle, , cette Américaine aux cheveux en pétard née à Glen Ellyn près de Chicago (Illinois) en 1947 se moque des conventions et des clichés

Pas facile de rallier les suffrages sur la créatrice de "O Superman", le hit le plus improbable du siècle passé… Nous accorderons au moins nos violons sur un point. Laurie Anderson joue une musique étrange et fascinante qui ressemble autant au rock que le Nouveau Testament chanté par un baryton de La Scala. Une chose est certaine, avec la coqueluche de l'"avant-garde" new(yorkaise bientôt octogénaire, cette frontière floue et imprécise est bel et bien franchie dans un sens puis des l’autre. Pour le meilleur et parfois pour le pire...

 Laurie Anderson plonge dès l'adolescence dans les eaux troubles de la "Performance pour la Grandeur de l'Art". Tout un programme ! L'emploi judicieux de quelques majuscules vous renseigne illico sur le haut pouvoir émotionnel de ses tripatouillages pour universitaires au cerveau hypertrophiés. Non contente d'apprendre le violon, la petite Laurie s'amuse à collectionné les diplômes, sculpture ou architecture égyptienne otamment, comme d'autres accumulent les Pokémons. A chacun son grain de folie.

 En 1973, la squelettique Américaine aux cheveux fous commence même à se produire au sein des musées les plus prestigieux et dans une poignée de festivals vantant l'art sous toutes ses formes à l’inclusion des plus ardues évidemment. A cette époqie et par deux fois, la Belgique accueille ainsi le capharnaüm hétéroclite de Laurie. Son savant cocktail de diapositives didactiques, de films Super 8, de mime amateur et de "bruits musicaux" rebute le commun des mortels aussi sûrement qu'une communication gouvernementale à l'heure du dîner tadique que d'autres s'extasient.

 Et puis, en 1981, le monde entier succombe à la lancinante mélopée de "O Superman" et aux obsédants "Ah ah ah ah ah ah" qui l'enrobent de façon entêtante. Tout heureux de l'aubaine, le grand public ajoute les mots "minimaliste" et "avant-garde" à son vocabulaire. Il se targue de posséder la discographie complète (et d’ailleurs pléthorique) de John Cage et de Pierre Boulez. Sentant le vent venir, la multinationale Warner rachète les droits du disques au microscopique label One Ten Records et s'offre ainsi une crédibilité artistique inespérée. La machine est lancée. Elle s'arrêtera d'abord à l'album "Big Science" puis au spectacle de sept heures "United States", au tournage du film "Home Of The Brave" et à une première tournée mondiale comme les rock stars ! C’était en 1986.

 Depuis ce premier raz-de-marée aux confins de la musique et du théâtre, Laurie Anderson mène son navire avec précaution entre les écueils de l'intellectualisme aride. Elle innove avec tact mais conserve un attachement viscéral à la "performance". Philosophe douce-amère, l'artiste décortique les aléas de la vie moderne dans chacun de ses spectacles. Elle utilise volontiers les dernières techniques visuelles, lasers et projections vidéo, pour nous sortir de notre torpeur. A l'instar d'Henri Rollins, le gros bras tatoué du hardcore, elle s'offre aussi d’étranges incursions dans le monde du spoken word. "The Ugly One With The Jewels And Other Stories" mêle ainsi bruitages, percussions, litanies déclamatoires et interventions de jazzmen underground. Pour "Bright Red" (1994), son premier album de chansons après 5 ans de retraite, elle privilégie cependant une alchimie sonore, confiée à Brian Eno, Echafaudée sur des refrains d'une accessibilité abrupte. épaulée par Marc Ribot et Lou Reed (qui fut son compagnon), lle s'amuse une fois de plus à souffler le chaud et le froid. Comme d'habitude...

En août 2024, après une autre pause discographique de 10 ans, elle publiait "Amelia, un disque conceptuel racontant l’histoire de l'aviatric américaine Amelia Farhart ou,, plussire de l’aviatrice américaine Amelia Farhart. oOu, plus précisément, les 44 jours de sa vie avant la disparition de son avion au-dessus du Pacifique en 1937.

(Stéphane Soupart - Photo :  © Etienne Tordoir)

Photo : Laurie Anderson au Teater Carré d’Amsterdam (Pays-Bas) le 9 mai 1986