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Née un 14 mai : Anne Clark, poétesse urbaine électro devenue icône classique

parStéphane Soupart
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14 May 2025 12h30
Anne Clark
© Etienne Toroir

Née un 14 mai : Anne Clark, poétesse urbaine électro devenue icône classique

Elle a vu le jour à Croydon, près de Londres, en 1960. Marraine de Kae Tempest et de Billy Nomates, elle est considérée comme une pionnière du genre "spoken word"

Singulière, tranchante, fascinante et incontestablement poétique, la voix d’Anne Clark se fraie un chemin au début des années 80 à Londres. Alors encore avec les Doctors Of Madness, Richard Strange reconnaît en elle une personnalité hors normes. Il lui offre de se produire dans son Cabaret Futura. Ni vraiment chanteuse , ni vraiment poétesse au sens classique du terme, elle devient une figure du "spoken word", une étiquette qui semble avoir été inventée rien que pour elle.

Avec "The Sitting Room" (1982) qu’elle concrétise oute seule puis "Changing Places" (1983), elle martèle avec passion des textes profondément engagés et sociaux. Bientôt rejointe par David Harrow, elle réussit même l’exploit de faire danser tout en abordant des sujets graves sur "Wallies" ou "Sleeper In Metropolis". On n'avait encore jamais entendu une musique comme la sienne, presque décharnée et totalement captivante...

 Influencée par les poètes de la Beat Gneration mais aussi par la littérature classique, elle verse ces ingrédients dans la marmite punk et s’étonne parfois elle-même de ce qui sort ainsi de son alambic.  « J’ai toujours écrit. Les mots étaient le seul endroit où je pouvais dire exactement ce que je ressentais sans interruption », confiait-elle dans une interview en 1984.

Parfois rageuse, parfois mélancolique, elle s’appuie sur la guitare de Vini Reilly (Durutti Column) dans ces moments de -fausse- douceur suspendue comme "All Night Party". 

Inspirée par la solitude urbaine comme par les injustices sociales, Anne Clark dresse un portrait percutant du monde qui l’entoure. Dans ses litanies, on croise bien entendu des travailleurs désabusés victimes du Tatchérisme,   mais  aussi des amants éperdus. Dans "Our Darkness", son texte le plus connu, elle déclame : «There’s no such thing as society / Just the noise you hear inside». On vous laisse analyser la portée après une traduction déjà malaisée à concocter !

Beaucoup plusiscrète aujourd’hui, avec une dizaine d’albums à son actif, Anne Clark n’en continue pas moins à écrire, à se produire sur scène et à tenter aussi de nouvelles expériences sonores. Désormais installée en Allemagne, elle explore depuis quelques années un environnement qui doit beaucoup à la musique classique et un pu aux Allemands planants des seventies comme Klaus Schulze. Sur l'envoutanr,"The Law Is An Ingram", violon et contrebasse remplacent avantageusement les boîtes à rythmes rikiki des débuts mais, certes plus apaisée, sa plume reste toujours aussi pertinente et sa voix fascinante?

(Stéphane Soupart - Photo : © Etienne Tordoir)

Photo : Anne Clark sur la scène du W Festival à Ostende (Belgique) le 24 août 2022