Née un 10 juin : Kim Deal (Pixies), une forme de dissonance magnifique

L’itinéraire de la native de Dayton (Ohio) en 1961 a toujours été passionnant mais quelque peu chaotique

Avec sa soeur jumelle Kelley dont elle a toujours été très proche, Kimberley Ann (son prénom complet) vouait une passion sans bornes aux groupes de hard rock comme AC/DC et Led Zeppelin quand elles étaient toutes deux gamines. Toujours un peu réfractaire à l’autorité, elle faisait néanmoins partie des cheerleaders (qu’on appelle étrangement les "pom-pom girls" en français !) au collège et obtenait plutôt de bonnes notes. "On faisait plutôt partie des filles populaires mais, pour ma soeur et moi, Dayton, c’était comme vivre en Union Soviétique. On s’y ennuyait à mort !" dira plus tard Kim Deal en se souvenant de ses jeunes années. A l’adolescence, leur intérêt se porte rapidement sur des artistes comme Siouxsie & The Banshees ou Elvis Costello dont elles reçoivent des cassettes (pirats bien sûr) d’un ami plus âgé. Pourtant, son tout premier groupe formé évidemment avec sa jumelle flirte plutôt avec le folk rock. De suite, Kim a trouvé plus simple de composer elle-même plutôt que de reproduire maladroitement les refrains d’autres artistes. "J’en ai écris quelques centaines à l’époque. Musicalement, cela tenait plus ou moins la route mais les paroles étaient très fleur bleue !".

L’idée de tenter professionnellement sa chance dans la musique a toujours été présente. Après avoir répondu en janvier 1986 à une petite annonce anonyme d’un groupe recherchant une bassiste "appréciant à la fois Husker Dü et Peter, Paul & Mary" (le grand écart donc), elle rejoint ainsi des Pixies encore balbutiants. "J’ai été la seule à y répondre et ils ignoraient que mon instrument de prédilection était la guitare !".

Pour le premier album du groupe" Come On Pilgrim" (1987), elle choisit de se présenter sous le pseudonyme de Mrs John Murphy en pied-de-nez ironique (et féministe) à ces femmes désirant se faire connaître de la société seulement sous le nom de leur mari. 

Face à la forte personnalité de Black Francis, chanteur autoritaire des Pixies, Kim obtient néanmoins quelques gages. Elle co-écrit et chante "Gigantic", le seul single de "Surfer Rosa" (1988). Et tente de réitérer l’exploit par la suite mais les tensions de plus en plus évidentes entre les deux fortes têtes ainsi qu’un penchant de la bassiste pour l’alcool conduisent à une première séparation du groupe après le très moyen "Trompe le monde" (1991). Vingt-trois années seront nécessaires avant que les Pixies retrouvent le chemin des studios pour "Indie Cindy" (2014). Mais Kim Deal qui jouait à nouveau sur scène avec eux a déjà définitivement claqué la porte.

Il faut dire qu’elle n’a jamais mis tous ses oeufs dans le même panier. Ainsi, elle a d’abord considéré The Breeders comme un projet parallèle avec sa copine Tanya Donelly (Throwing Muses). Leur deuxième album "Last Splash" (1993) avant que cette dernière ne quitte le projete leur offre même un succès commercial quasi inespéré avec "Cannonball". Rejointe par sa soeur, Kim poursuivra l’aventure les Breeders jusqu’à nos jours avec pas moins de cinq albums studio et des influences parfois très folk comme sur "Drivin’ On 9" ou surf comme pour "Do You Love Me Now ?".

Si elle avait par le passé accolé son seul nom à une petite poignée de singles (dont certains comme le superbe "Are You Mine ?" obtiennent une seconde vie), Kim Deal a pris la décision en 2024 de sortir "Nobody Loves You", son premier album à elle toute seule. Sa soeur Kelley est évidemment présente à ses côtés ainsi que, p r exemple, Jack Lawrence des Raconteurs et quelques membres de Teenage Fan Club.

Quelques concerts à venir :

10 juin : De Roma - Anvers (Belgique)

11 juin : Trianon - Paris (France)

16 juin : Vicar Street - Dublin (Irlande)

20 juin : Roundhouse - Londres (Angleterre)

21 juin : Teater - Rotterdam (Pays-Bas)

(Stéphane Soupart - Photo : © Etienne Tordoir)

Photo : Kim Deal avec The Dixies au festival de Torhout (Belgique) le 8 juillet 1989