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Né un 22 mai : Charles Aznavour, le plus français des Arméniens

parStéphane Soupart
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22 May 2025 11h30
Charles Aznavour
© Etienne Tordoir

Il nous a quitté le 1er octobre 2018 dans sa maison de Mouriès dans le sud de la France et aurait fêté son centenaire en 2024.

S’attaquer à la biographie de ce monstre sacré, c’est un peu comme entamer l’ascension du Mont Blanc. Toutes les voies possibles ont déjà été ouvertes mais la remontée dans le temps apporte toujours son lot d’émotions et de souvenirs

En parallèle à sa carrière de chanteur, Charles Aznavour possède aussi une soixantaine de films à son palmarès (dont certains chefs d’oeuvre comme "Tirez sur le pianiste" de François Truffaut en 1960). En hommage aux origines familiales, il a même obtenu la nationalité arménienne en 2008 pour être ensuite nommé ambassadeur d'Arménie en Suisse jusqu’à son décès.

  Rétrospectivement, il est tentant de penser que l’étoile d’Aznavour a toujours brillé au firmament. Ce n'est pourtant pas le cas. Grand admirateur de Charles Trénet et longtemps sous l’aile protectrice d’Edith Piaf, une quinzaine d’années lui ont cependant été nécessaires pour obtenir de premiers succès notables. Et ce que les critiques pointaient négativement à ses débuts (sa voix nasillarde, sa gestuelle désuète et cette tessiture particulière dûe à une corde vocale paralysée) deviendra progressivement la marque de fabrique de son talent.  La plupart du temps consensuel, le chanteur a même subi les foudres de la censure avec le refrain pacifiste "L’amour et la guerre", interdit d’antenne au moment de la guerre d’Algérie.

  A partir du début années 60, après un triomphe inespéré à l’Alhambra de Paris, il devient difficile de compter ses succès tellement ils sont nombreux. Le premier d’envergure s'intitule "J’me voyais déjà" en 1960 (chanté par celui qui a tellement attendu la reconnaissance) puis "Les comédiens" (1962), "La mama" (1963), "Hier encore" et "For Me formidable" (1964), "La Bohème" (1965) ou "Emmenez-moi" (1967). Peu avare de son talent, Aznavour a aussi écrit quelques incontournables de l’époque yéyé en France : "Retiens la nuit" pour Johnny Hallyday et "La plus belle pour aller danser" pour Sylvie Vartan. Il sera même un précurseur en osant parler tout en finesse d’homosexualité dans "Comme ils disent". Dans les années 70 encore, les succès s'enchaînent les uns aux autres : "Mes emmerdes" ou "Les plaisirs démodés". Il s’exporte alors aussi dans les pays anglo-saxons et se glisse dans les hit-parades avec son accent anglais très franchouillard…

Dans les années 80, il se découvre un nouveau combat en apportant son soutien au pays d’origine de ses parents suite au terrible tremblement de terre qui frappe Erevan en 1988. Avec pas moins de 80 autres artistes, il monte "Pour l’Arménie" en 1989 sur le même modèle que "Do They Know It's Christmas" (1984). Car Charles Aznavour était aussi un philanthrope…

Et comme il le confiait avec une certaine modestie sur les antennes de France Inter en 2001 : "Je chante juste ce que je vis. Je ne suis pas un homme à slogans. Je suis un homme à émotions". Et Dieu sait s'il en a procuré à des centaines de milliers d'auditeurs...

 (Stéphane Soupart - Photo : © Etienne Tordoir)

Photo : Portrait de Charles Aznavour lors d'un de ses passages à Bruxelles (Belgique) en janvier 1987