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Né un 21 avril : Iggy Pop, précurseur du punk et patriarche déjanté de la provoc

parStéphane Soupart
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21 Apr 2025 12h00
Iggy Pop

Il a vu le jour en 1947 à Muskegon dans le Michigan et a très rapidement décidé qu’il ne rentrerait jamais dans le rang

Enregistré sous le nom de James Newell Osterberg Jr auprès de l’Etat Civil de son patelin, celui qui n’a jamais enregistré un seul refrain vraiment pop a sans aucune doute choisi son nom de scène, Iggy Pop, avec un sens aigu de la malice et du second degré ! Ses deux surnoms les plus connus, "Grand-père du punk" et "L’iguane" (il fut d’ailleurs batteur pour u groupe nommé The Iguanas au milieu des 60s), continuent de le ravi après six bonnes décennies de carrière menée tambour battant. Alors qu’il deviendra octogénaire dans une poignée d’années, Iggy semble parfois s’être assagi. Mais une des dernières fois où je l’ai vu sur scène en août 2022, il se produisait de manière assez incongrue au Jazz Middelheim Festival près d’Anvers (Belgique). S’il était bien épaulé par un trio de cuivres assez peu audible, de jazz il ne fut guère question pas même une seule seconde. Comme à son habitude, il s’est retrouvé torse nu dès le deuxième morceau en  fourrant toujours son micro dans son pantalon avec le même enthousiasme. A son répertoire, les brûlots dévastateurs des Stooges comme "I Wanna Be Your Dog" et "Fun House" occupaient toujours une place centrale. Iggy Pop restera donc toujours égal à lui-même même si, il faut le reconnaître, son torse toujours aussi svelte affiche désormais le poids des ans…

Comme il s’avère impossible de résumer la prolifique carrière du bonhomme, on se contentera ici de quelques jalons importants. En commençant évidemment par les Stooges aux côtés desquels les punks les plus gardcore comme les aficionados du death metal passent pour de gentils enfants de coeur. En quatre albums aux titres explicites comme "Raw Power" (1973) ou le live "Metallic K.O." (1976), ils ont fait trembler les Etats-Unis. En se reformant un quart de siècle plus tard, les Stooges ont même réussi l’exploit de conserver cette dangerosité explosive qui était leur marque de fabrique. Oreilles fragiles s’abstenir cependant…

Après la séparation des Stooges, rongé par les excès en tous genres, Iggy traverse une très mauvaise passe. Il vit dans la rue, s’adonne aux drogues les plus dures et aurait pu en mourir. Il

passe même un an dans un hôpital psychiatrique. Epaulé par David Bowie qui veut lui aussi se débarrasser de certains démons, les deux hommes s’installent à Berlin et nouent une solide amitié ainsi qu’une complicité artistique. Alors que Bowie peaufine ce qu’on appellera ensuite sa "trilogie berlinoise", Iggy s’engage lui aussi sur la voie d’une rédemption créative en enregistrant deux de ses meilleurs albums coup sur coup en 1977. Empruntant son titre à un roman de Dostoïesvski, 'The Idiot' possède un côté expérimental surprenant et comporte 'China Girl' que Bowie popularisera en 1983 en en arrondissant les angles. 'Nightclubbing' deviendra lui un marqueur indélébile dans la carrière de Grace Jones. Quelques mois plus tard, "Lust For Life" est une déclaration sans équivoque d’un retour à la vie. Au sens propre. Sur le même disque, on trouve aussi "The Passenger", sans aucun doute son plus grand succès populaire. Désormais remis sur les rails, Iggy Pop enregistrera une vingtaine d’albums studio par la suite sans démériter et avec même quelques fulgurances comme "Blah-Blah-Blah" (1986) et son "Real Wild Child".

  Pour terminer le portrait de cet artiste insaisissable,on mentionnera encore son interprétation de "In The Death Car" pour le film "Arizona Dream" (1993) d’Emir Kusturica et l’étrange mais fascinant "The Acid Lands" (2020) avec Bill Laswell sur lequel sa voix caverneuse fait des merveilles. Sans oublier ses nombreuses apparitions au cinéma pour son ami Jim Jarmusch (par trois fois), pour John Waters ou encore Tim Pope. A chaque fois, même pour une brève apparition, il crève littéralement l'écran !

  Ce diable d’homme aime toujours surgir où ne l’attend pas et nous réserve très certainement quelques surprises dont il a le secret pour sa prochaine tournée européenne qui passera notamment par le Royaume-Uni, l’Espagne, la Suède, la France, l’Irlande et la Belgique où il fêtera le 50ème anniversaire de festival Rock Werchterle 3 juillet prochain.

(Stéphane Soupart - Photo : © Etienne Tordoir)

Photo : Iggy Pop sur la scène du festival de Torhout (Belgique) le 5 juillet 1987