Il a vu le jour à Natick, une bourgade du Massachusetts, en 1951. Sa découverte, passionnelle, du Velvet Underground le conduit à New York
La petite histoire prétend même que, ému par le jeune-homme, leur manager Steve Sesnick l’a un temps hébergé sur son canapé ! Jonathan Richman est à peine âgé de 18 ans mais il se souvient encore avec émotion de ces moments précieux. « J’ai pris le bus pour New York juste pour essayer de rencontrer Lou Reed », racontait-il à un journaliste de "Rolling Stone" en 1980. « Je pensais sincèrement que si je pouvais juste lui parler, je comprendrais comment faire de la musique comme eux. » Jonathan possédait déjà cette candeur un peu lunaire qui le poussera à écrire de petits bijoux décalés comme "I’m A Little Dinosaur" ou "Hey There Little Insect".
Bien que certaines chansons aient été écrites dès 1972, le premier album éponyme de son groupe The Modern Lovers voit le jour en 1976. Par un raccourci un peu rapide, osé même, on considère ces quinze chansons comme précurseurs du mouvement punk américain. C’est discutable mais "Roadrunner", un vrai hit d’une simplicité déroutante, y figure déjà. Et Jonathan en écrira d’autres comme "Egyptian Reggae" et même l’obsédant "Pablo Picasso". « Je voulais faire du rock’n’roll sincère, sans chichis. Pas de poses, pas de costumes. Juste des chansons. Même à 20 ans, je voulais parler comme un gamin de 8 ans. Parce que c’est à cet âge-là que tout est vrai. »
Après avoir dissout les Modern Lovers, sa musique devient plus acoustique, encore plus dépouillée. Il écrit des chansons sur la chaleur des nuits d’été, l’Espagne, les abeilles, les hôpitaux (magnifique "Hospital" d’ailleurs) ou, pourquoi pas, le déplaisir de porter de lunettes. Jonathan est en effet capable d’écrire une -bonne- chanson sur le plus insignifiants des sujets ! « Le bruit me rend nerveux », disait-il en 1992 à la BBC. « J’ai besoin que les gens m’entendent, que les mots comptent. Je ne veux pas chanter pour des ivrognes. Je veux chanter pour les enfants, les amoureux et les vieux couples".
À plus de 70 ans, Jonathan Richman continue de donner des concerts régulièrement aux États-Unis. S’il s’arrête près de chez vous, comme bientôt à Seattle et à Vancouver, il choisit toujours un endroit intime, chaleureux et y pose ses valises pour plusieurs soirs A la fin des concerts, il vous proposera ses albums en personne, en cash s’il vous plaît car les cartes de crédit ce n’est pas son truc. Pas plus que les plateformes d’ailleurs car dit-il,« J’écris des chansons pour les gens. Pas pour les ordinateurs. ». Jonathan Richman reste ainsi égal à lui-même…
(Stéphane Soupart - Photo : © Etienne Tordoir)
Photo : Jonathan Richman à La Réserve aux Beaux-Arts de Charleroi (Belgique) en mai 1979
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