Membre fondateur de Heaven 17, il a vu l jour en 1958 à Sheffield en Angleterre et s’étonne lui-même de sa longévité dans la musique
Glenn Gregory grandit dans une ville en pleine mutation industrielle, minée par les fermetures d’usine et un chômage endémique. Son père qui travaillait dans l’industrie métallurgique lui insuffle une conscience sociale et ouvrière qui perfusera plus tard dans certains textes de Heaven 17. Glenn réussira même l’exploit de faire danser sur "(We Don’t Need This) Fascist Groove Thang" (1981), une hymne -déjà- contre la résurgence de la peste brune.
Il débute dans la photographie avant de se tourner vers la musique. « Je n’ai jamais vraiment décidé d’être chanteur. C’est quelque chose qui est arrivé parce que j’étais au bon endroit, au bon moment, avec les bonnes personnes », confiait-il dans une interview au quitidien" The Guardian". Il faut ajouter qu’il a toujours fait preuve d’une humilité certaine ainsi que d’un sens de l’humour affuté…
Désabusés par l’orientation trop pop à leurs yeux de leur groupe The Human League, ses amis Martyn Ware et Ian Craig Marsh lui proposent de tenter une aventure musicale ensemble. Heaven 17 voit ainsi le jour en 1980. Dans un contraste détonant, Glenn apporte une voix presque soul à la musique synthétique concoctée par ses deux comparses. Cette dissonance, au sens propr, sera démultiplié par l’adjonction de voix féminines, celles de Josie James d'abord et surtout de Karol Kenyon sur l’imparable "Temptation". (1982).
Leur premier album,"Penthouse and Pavement" (1981) possède deux facettes inextricablement mêlées, des rythmes hyper dansants mais aussi une conscience sociale puissante. Le deuxième album "The Luxury Gap" (1983) et ses brûlots comme "Temptation" et"Crushed By The Wheels Of Industry" coninuera à promouvoir cet improbable union. « Nous étions fascinés par l’idée de juxtaposer le luxe et la lutte des classes », expliquait Gregory au "New Musical Express". Dans un des clips que le groupe utilisait avec maestria, le chanteur s’affiche ainsi en businessman cynique, une satire sans concession de la City et de Wall Street.
A une époque où MTV dictait sa loi, Heaven 17 refusait les prestations scéniques mais leurs clips, petits bijoux de mise en scène d’une efficacité rare, conservent la même puissance aujourd’hui encore. Après le pic des années 1980, le trio ne se soucie plus vraiment de renouveler son répertoire. Le dernier album "Naked As Advertised" (2008), après le départ de Ian Craig Marsh, propose ainsi de nouvelles versions notamment de "Temptation", des reprise comme "Party Fears Two" des Associates et même une actualisation de "Being Boiled" que Martyn Ware a composé pour The Human League en 1978 (sur des paroles de Phil Oakey).
Par contre, Martyn et Glenn prennent depuis quelques années un énorme plaisir à jouer ensemble sur scène. En plus des festivals au parfum nostalgique de l’été anglais, ils nous préparent une longue tourné automnale au Royaume-Uni.
Mais laissons le mot de la fin à un chanteur lui-même étonné par la longévité de sa carrière : « On ne pensait pas durer. On voulait juste faire quelque chose de vrai. Le fait que des gens l’écoutent encore aujourd’hui, c’est le plus beau des cadeaux », déclarait-il ainsi récemment.
Retrouvez toutes les dates de leur tournée en Grande-Bretagne (avec une escapade à Amsterdam) ici : https://www.heaven17.com/live-dates
(Stéphane Soupart - Photo : © Etienne Tordoir)
Photo : Glenn Gregory avec Heaven 17 sur le plateau de Génération 80 à Bruxelles (Belgique) le 14 mai 1983
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