Il a vu le jour à Nancy en 1959 afin de bourlinguer avec sa famille dans toute l France et finalement poser ses valises à Rennes
Tout en étudiant les lettres modérés à l’Université de Rennes, il enchaîne une impressionnante série de petits boulots notamment pour financer sa passion pour la musique :moniteur en centré aéré, pianiste dans une pizzeria, vendeur de barbe à papa, modèle aux beaux-arts et DJ dans une boîte gay. La palette est large ! Parallèlement, à la fin des années 70, il vit ses premières expériences au sein de groupes aujourd’hui oubliés comme Opéra Dissidence.
Au début des années 80, sa rencontre avec Muriel Moreno s’avèrera déterminante dans la suite de sa carrière. Après l’éphémère Les Espions, auteur d’un seul 45t en 1982, ils forment L’Ombre Jaune (en référence à la BD Blake & Mortimer) qui changera rapidement son nom pour Niagara en 1984.
Si la personnalité de Muriel joue un rôle essentiel dans le succès du duo, c’est pourtant bien Daniel Chenevez qui endosse le rôle de commandant de bord. Il écrit l’essentiel de leur répertoire, est responsable des arrangements et réalise même les extravagants video-clips du groupe grâce auxquels ils ont séduit la chaîne musicale MTV.
A leurs débuts, ils se lancent à corps perdu dans une pop guillerette et entraînante. Après "Tchiki Boum" et l'album "Encore un dernier baiser", les choses vont bien changer. Tout d'abord, le couple infernal se sépare sans renoncer à mener carrière commune. Ensuite, Daniel a petit à petit pris en mains la destinée de Niagara imposant sa ligne musicale et ses délires en images aux pontes estomaqués de Polydor, leur label. Niagara ne s'en laisse pas conter par les sbires du marketing et préfère prendre tout en charge. On n'est jamais mieux servi que pas soi-même...
Musicalement, en s'inspirant tour à tour du rhythm'n blues (cuivres et harmonica sur "Aux coeurs blessés" notamment) et d'un hard-rock saignant ("Je suis de retour"), Niagara rend hommage au rock tout en restant fondamentalement français. Un pari risqué mais un temps gagnant.
"Ce qui m'intéresse", me confiait Daniel à la sortie de leur ultime album "La Vérité" en 1992, "c’est de changer les méthodes de travail à chaque séance d'enregistrement. Cela permet d’éviter en grande partie le piège de la routine. On échappe cependant pas au systématisme des enregistrements, plateaux télés, concerts, interviews, clips... Il n'y a pas d'autre moyen de faire ce métier aujourd’hui".
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"Depuis notre premier album en 86", expliquait-il encore, "les journalistes ont pointé des changements de direction. Personnellement, je préfère parler d’évolution ou même de progression. Certaines personnes s'attendaient sans doute à nous voir virer techno ou folk irlandais, il n'en était évidemment pas question ! Il est cependant exact que la plupart des gens que je rencontre soulignent les ressemblances entre nos deux derniers disques. A mes yeux ce n’est pas le cas. Nous avons même choisi de privilégier des instruments inhabituels pour nous comme la flûte ("Un million d'années") ou les cornemuses ("Le prochain payera pour les autres"). De plus, Muriel et moi avons chacun pris en charge complètement une partie des chansons, textes et musique, avant de les proposer à l'autre afin des les retravailler ensemble".
Après la chute de Niagara, Daniel a choisi de continuer ses explorations musicales avec discrétion. En 1997, il enregistre quelques titres au parfum techno-rock. Il offre ses talents de producteur notamment à Helena Nogueira, la soeur de Lio. En 2004, il travaille avec lex-mannrquin mannequin Karen Mulder pour son premier (et unique) album. En 2010, il chante "Je veux être toi" pour la bande originale du film "Nous trois". Enfin, en 2014, il enregistre "Erotisme, Cantique 25.7", un mini-album de six titres produit par Dominique Blanc-Francard. Son amour pour les orchestrations sophistiquées, des violons omniprésents (ceux de la Radio de Macédoine) et des références cinématographiques évidentes (notamment au western spaghetti) s’additionne)nt pour en faire une réussite artistique qui ne trouvera malheureusement pas son public comme on dit pudiquement.
Depuis dix ans, Daniel Chenevez a disparu des radars préférant désormais l’anonymat aux feux de la rampe.
(Stéphane Massart - Photo : © Etienne Tordoir)
Photo : Daniel Chenevez (à gauche) et Muriel Moreno de Niagara à Liège (Belgique) en janvier 1987
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