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Né un 17 avril : Pete Shelley (Buzzcocks), un "Homosapien" pas comme les autres

parStéphane Soupart
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17 Apr 2025 10h00
Pete Shlley Buzzcocks
© Etienne Tordoir

Il a vu le jour en 1955 à Leigh dans la région de Manchester sous le patronyme de Peter Campbell McNelsh. Il a choisi son nom de scène en hommage à Percy Bysshe Shelley, son poète favori connu pour sa radicalité

  Il n’avait pas 20 ans lorsqu’il rencontre Howard Devoto sur les bancs de la future Université de Bolton. Une escapade du côté de Londres pour voir les Sex Pistols les confirment dans leur envie de suivre la même voie. A peine formé, avec Steve Diggle (basse) et John Maher (batterie), Buzzcocks prend la route de Manchester pour se produire en première partie des… Sex Pistols. Ainsi en allait-il à l’époque du punk naissant en Albion, énormément d’énergie et d’opportunités saisies au vol. Même pas besoin, dans un premier temps du temps, de savoir jouer correctement d’un instrument. Début 1977, "Spiral Scratch", leur premier EP de Buzzcocks en autofinancement sur leur propre label New Hormones, s’inscrit dans cette logique. Tout comme le départ dans la foulée d’Howard Devoto qui part former les plus aventureux Magazine

  Désormais chanteur et compositeur principal mais toujours guitariste, Shelley peaufine son écriture épaulé par le légendaire producteur Martin Rushent. Il en résulte quelque brûlots certes cataclysmiques mais aussi indéniablement pop comme "Orgasme Addict" ou "What Do I Get ?". Sans oublier le lumineux "Ever Fallen In Love (With Someone You Shouldn’t Have)" don’t il prétend avoir eu l’inspiration en descendant des bières avec ses potes musiciens dans la salle de télévision d’une guest-house d’Edinburgh en attendant le concert du lendemain. Sur l’écran, l’adaptation cinématographique de "Guys’n Dolls" (1955) avec Marlon Brando et Frank Sinatra. Entre 1978 et fin 1979, le trio a enregistré trois albums mémorables aux titres positivement délicieux : "Another Music In A Different Kitchen", "Love Bites" et "A Different Kind Of Tension". Excellente porte d’entrée à l’univers de Buzzcocks première période, "Singles Going Steady" en regroupe la substantifique moelle. Le groupe se sépare ensuite pour dix longues années que Pete Shelley met à profit pour saupoudrer un peu d’électro dans une écriture pop qui devient parfois dansante. Ce n’est donc pas un hasard s’il a choisi le nom de Groovy Records pour son propre label.

Troquant la guitare pour les synthés, Shelley entame sa (courte) carrière solo toujours sous la houlette de Martin Rushent. C’est bien connu, on change pas une équipe qui gagne. Censuré par la vénérable BBC pour une "référence trop appuyée à l’homosexualité", "Homosapien" (198) n’en devient pas moins la seconde pierre angulaire du répertoire de Pete Shelley. Et l’album du même nom comme son successeur "XL1" (1983) sécoutent encore sans déplaisir aujourd’hui malgré quelques évidentes faiblesses. Dans les années 90, la reformation de Buzzcocks, pour attendue qu’elle soit par les fans, n’a suscité qu’un enthousiasme motivé par la seule nostalgie.

  On mentionnera néanmoins en 2005, une version étonnante de "Ever Fallen In Love" en hommage à John Peel, le légendaire DJ de la BBC. A ses côtés, Pete Shelley accueille notamment Roger Daltrey, David Gilmour, Elton John Robert Plant et Peter Hook. Tous les bénéfices de l’opération ont été versés à Amnesty International.

 Après s’être installé à Tallin (Estonie) en 2012 et y avoir trouvé l’amour, il s’y est éteint le 6 décembre 2018 des suites d’une crise cardiaque.

(Stéphane Soupart - Photo : © Etienne Tordoir)

Photo : Pete Shelley avec Buzzcocks sur la scène de l’Ancienne Belgique à Bruxelles (Belgique) le 6 septembre 1979