Un mouvement de panique dans la foule des nombreux manifestants anticorruption à Belgrade le 15 mars pose question. Les soupçons se tournent vers les autorités et le président. La police spéciale aurait utilisé une arme interdite.
Selon l’opposition, Yugoimport, entreprise publique gérant l’équipement militaire en Serbie, a importé un canon à son d’Israël en 2022. Cette arme non létale, mais capable de provoquer de graves soucis de santé, envoie des fréquences pour faire fuir des assaillants ou disperser une foule. Pourtant interdit en Serbie, cet arsenal aurait été utilisé lors de la manifestation monstre du 15 mars 2025. Entre 275.000 et 325.000 personnes, selon un de comptage indépendant, et 107.000 selon les chiffres de la police, ont rempli les rues de Belgrade pour protester contre la corruption qui gangrène le pays. Le mouvement a pris naissance en novembre 2024 suite à l’effondrement de l’auvent de la gare de Novi Sad. Un incident mortel ayant fait 15 victimes qui a scandalisé la population.
Message compris… vraiment ?
Depuis, les signes d’opposition, les marches et les manifestations n’ont quasi jamais cessé avec le grand rendez-vous de samedi dernier à Belgrade en point d’orgue. Une des revendications de la foule était la démission du président serbe Aleksandar Vucic. Il s’est exprimé le soir même en déclarant avoir "compris le message", tout en demandant d’en finir avec ce mouvement : "Il est important que nos enfants aillent à l'école et que les étudiants retournent à l'université". Lui qui avait annoncé la semaine précédente qu’il "sifflerait la fin de ces manifestations" s’est pourtant réjoui que tout ce soit passer sans heurts. Cependant, un incident étonnant a eu lieu durant ce gigantesque rassemblement citoyen.
Mouvement de panique
Relayée depuis samedi soir sur les réseaux sociaux, une vidéo montre un mouvement de panique à 19h11 durant une opération "15 minutes de silence". Les gens se dispersent soudainement en désordre et en criant après une suite de battements et un souffle chaud. Cela ressemble aux effets d’un canon LRAD émettant un "faisceau" sonore ciblé à des volumes pouvant atteindre 160 dB. Selon le général Zdravko Ponos, général à la retraite, membre de l’opposition, 700 personnes au moins parmi les manifestants auraient rejoint les urgences. Elles souffraient de problèmes d’audition, de malaises, de brûlures, de migraines et de dysfonctionnements de leur stimulateur cardiaque. Il y avait aussi des patients reçus pour des blessures suite à leur chute dans la bousculade. Certains ont déjà porté plainte contre l’État. Du côté des autorités, on nie l’utilisation d’un canon à son avec des menaces de poursuites contre les personnes propageant ces "rumeurs".
(Olivier Duquesne – Source : RFI – Picture : © picture alliance / PIXSELL | Dejan Rakita)
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