Le SUV compact Opel Frontera existe en microhybride 48 V, ainsi qu’en électrique. C’est la version électrique que nous avons essayée. Celle-ci ne dispose pas de l’option 7 places. Est-elle néanmoins une bonne solution pour les balades en famille en ville et au-delà ?
Pour estimer la flexibilité d’une voiture électrique, j’ai une jauge qui vaut ce qui vaut : au moins 260 km d’autoroute, avec l’air conditionné, entre 90 % et 10 % de capacité de la batterie, hors conditions climatiques extrêmes et une charge jusqu’à 80 % en moins de 30 minutes. De quoi faire des relais de 1h45 à 2h presque sans stress. En 2025, de nombreuses voitures électriques y parviennent, du moins dans leur configuration à autonomie étendue. L’Opel Frontera (Vauxhall Frontera sur certains marchés) au Vizor noir en guise de calandre va-t-elle réussir ce défi presque incontournable de nos jours ? Premier indice, j’ai essayé la version de 44 kWh… et pas la toute nouvelle à 54 kWh avec une batterie NMC (nickel-manganèse-cobalt) !
Économie
Stellantis a choisi l’économie pour développer l’Opel Frontera, histoire de pouvoir la vendre à un prix compétitif. Cela se voit notamment dans les possibilités offertes par le système d’infodivertissement. L’écran central est de petite taille et il y a peu de menus. Il n’est pas possible, par exemple, d’obtenir les chiffres de consommation ou les statistiques de charge. Heureusement, un écran derrière le volant permet de surveiller les paramètres essentiels à la conduite. Il y a toutefois de bonnes idées. Comme dans les nouvelles Citroën, il y a un bouton en bas à gauche du volant pour désactiver l’alerte de vitesse (laisser le doigt quelques secondes).
L’habitacle propose quelques espaces de rangement de taille correcte. Il y a également des sangles le long du tunnel central pour y accrocher quelques objets, comme une tablette numérique. Le smartphone peut se charger par induction, mais il est impossible de couper l’alimentation en cas de surchauffe de l’appareil arrivé à 100 %. Et puis, les commandes de la climatisation passent fort heureusement par une rampe de boutons, tout comme les sièges, pare-brise et volant chauffants en option (pack Tech Pro). À l’arrière, il y a de quoi recharger les interfaces avec deux prises USB-C et une prise "allume-cigare" de 12V. Le passager central sera plus à l’étroit que les deux autres, mais il y a vraiment moyen de s’y asseoir.
C’est parti
Pour démarrer l’Opel Frontera, il faut mettre la clé dans le barillet et la tourner. Il faut parfois s’y reprendre avant de pouvoir enclencher la marche arrière ou la marche avant avec le sélecteur. Par défaut, le Drive active la régénération à la décélération. Une conduite One Pedal plutôt light qui imite l’inertie d’une voiture à combustion interne. Ce qui ne va pas perturber ceux qui débarquent dans le monde de l’EV. En appuyant sur le bouton C de la transmission, qui signifie "Comfort", le SUV de 4,39 m va diminuer davantage la résistance au ralenti lorsque le pied droit est levé.
Le moteur électrique de la Frontera développe 113 ch (83 kW) et un petit 120 Nm de couple. Ce n’est donc pas un foudre de guerre avec un 0 à 100 km/h abattu en 12,1 s. D’autant que la vitesse est limitée à 143 km/h. Mais, la voiture accélère suffisamment pour ne pas faire bouchon en reprise, à la sortie d’un chantier ou au feu vert. Bref, c’est suffisant, surtout pour un usage familial. Ce dernier peut notamment être assuré par un coffre avec une vraie contenance : 460 l au maximum sous le couvre-bagages en abaissant le faux plancher et 1600 l en rabattant les places arrière 60/40. À vue de nez, à défaut de chiffres précis, avec le faux plancher en position la plus haute, il reste encore un bon 300 l, assez pour y mettre quelques sacs en tout cas. Il n’y a pas de frunk à l’avant, il faut donc tenir compte de la place prise par le câble de recharge généralement rangé sous la planche.
En route
Globalement, la Frontera Electric est simple à mener. Les suspensions absorbent les chocs. Elles assurent donc un vrai confort à bord. Les sièges se montrent un peu durs, sans pour autant détruire les lombaires. Quand le tracé est plus technique, l’Opel ne peut cacher sa vocation de véhicule polyvalent. Malgré son origine française, quelques gènes "Deutsche Qualität*" dans son intérieur soigné et rigoureux sont jumelés à un petit peu de dynamisme grâce à un bon freinage, avec une pédale docile et franche. La direction reste précise et bien calibrée. Le SUV vire aussi à plat grâce à son centre de gravité relativement bas par la grâce de la masse de la batterie.
Mais comprenons-nous bien, c’est un feeling, un ressenti. Concrètement, en conduite active, il sera difficile de rivaliser avec une "vraie" voiture dynamique. Dès lors, autant rester calme et prendre la Frontera comme elle est. D’ailleurs, pour ce test, je n’ai pas hésité à profiter du week-end pour rendre visite à la famille, à plus de 125 km de mon domicile. En sachant très bien qu’il faudra sans doute quitter la réunion familiale pour borner dans la zone industrielle voisine. Vive le streaming en ligne pour patienter.
* Qualité allemande
Autonomie
Et l’autonomie justement ? Officiellement, cette voiture dispose d’une autonomie WLTP en cycle mixte de 305 km avec sa batterie LFP (lithium-fer-phosphate) de 44 kWh utiles. Durant cet essai, elle ne dépassait pas 250 km, avec 100 % de batterie. Sur autoroute, il est difficile de rouler plus de 1h30 sans devoir chercher borne. Et encore, c’est avec un peu plus de 85 % de capacité en réserve. Dans les faits, j’ai ainsi dû faire un petit appoint 20 km avant d’arriver à destination vers la destination familiale, avec 75 % au départ. En dix minutes, j’avais déjà largement de quoi revenir sur la même aire de service au cas où… Et surtout, je resterai au-dessus des 10 % de réserve.
En charge rapide, le maximum théorique est de 100 kW. Lors des différents arrêts en ravitaillement électrique, il y a eu des pointes à 70 kW avec une moyenne de 65 kW jusqu’à 80 %. Cela permet de récupérer un petit 150 km d’autonomie confortable en 30 minutes. Pour espérer les 200 km, il faudra attendre 45 minutes, voire 1 heure pour approcher des 100 %. En ville, par contre, il est possible de rouler 300 km avant de devoir se brancher. Sur une borne lente ou murale, la vitesse maximale en AC est de 11 kW. Dès lors, cela fait 5 h de charge. Cette version a un rayon d’action relativement limitée. Elle peut répondre aux besoins quotidiens. Mais les excursions et la route des vacances se feront à rythme de sénateur.
Donc, si votre famille n’habite pas à un jet de pierre, à l’autre bout de la ville ou à portée de bicyclette, il faudra penser à opter pour la Frontera à "grande batterie". Celle avec 54 kWh est même plus légère, grâce à sa solution énergétique NMC. Ce qui ajoute 100 km en théorie… Et donc, au moins un bonus de 60 km sur autoroute. Sinon, il reste les solutions microhybrides MHEV avec un moteur essence 1.2 l turbo et un moteur électrique de 28 ch pour une puissance cumulée de 110 ch ou de 145 ch, moins chères à l’achat que l’électrique.
Les tarifs
Alors qu’il est possible de s’en sortir entre 23.000 € et 30.000 € en juillet 2025 avec les différentes solutions MHEV, les prix de l’Opel Frontera Electric sont supérieurs avec un équipement similaire. Ainsi, l’entrée de gamme Edition coûte déjà 27.700 €. Pour la finition GS essayée ici, c’est minimum 31.000 €. Avec le Tech Pack Pro, le chargeur intégré à 11 kW et les pneus toutes saisons homologués hiver de 17 pouces du modèle illustré, il faut compte 32.280 €, en Belgique.
En France, les tarifs débutent à 24.000 € en thermique. Pour la Frontera électrique, il faut débourser au minimum 28.650 € ! Avec un équipement similaire au modèle belge, en finition GS, la facture s’élèvera à 31.700 €. Au Luxembourg, les prix débutent à 22.000 € en microhybride, à 26.820 € pour la Frontera Electric Edition et à 30.000 € pour la finition GS. Un modèle similaire à celui testé revient à 31.210 €. En Suisse, l’essence MHEV c’est à partir de 24.900 CHF. En électrique, la Frontera Edition de base coûte 28.000 CHF et la GS avec les équipements du test demandera un effort budgétaire de 32.900 CHF. À titre d’information, les prix de l’Opel Frontera électrique débutent à 30.499 € aux Pays-Bas, 28.990 € en Allemagne et 24.000 £ au Royaume-Uni.
(Olivier Duquesne – Source : Opel – Stellantis – Photos : © Olivier Duquesne)
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