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Né un 19 juin : Chico Buarque; toute la complexité de l’âme brésilienne

parStéphane Soupart
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19 Jun 2025 19h15
Chico Buarque
© Etienne Tordoir

Il a vu le jour en 1944 à Rio de Janeiro et inscrit sans aucun douteront nom au panthéon de la musique brésilienne

Auteur-compositeur-interprète connu pour des titres comme "Joao e Maria" ou "Calice", Chico Buarque a largement élargi sa palette d’écriture puisqu’il est aussi apprécié dans son pays comme écrivain et dramaturge. En 1967, sous la dictature militaire, sa pièce de théâtre "Roda Viva" a été mise à l’index par les généraux contraignant son auteur à l’exil. Il ne s’agissait pourtant que d’une critique allégorique et sarcastique de la société dans laquelle les dérives autoritaires du régime militaire ne constituaient qu’une partie de l’histoire. Chanteur lui aussi et compagnon de lutte, Gilberto Gil a également connu les mêmes vexations.

Dès le milieu des années 1960 avec un album intitulé "Chico Buarque de Holanda" (son patronyme complet), il s’impose comme une figure majeure de la MPB (acronyme pour "Música Popular Brasileira"), un genre musical riche mêlant influences traditionnelles et modernes. 

Véritable orfèvre des mots autant que des notes, Chico Buarque se distingue par la poésie raffinée de ses textes ainsi que par sa fibre sociale et son engagement politique.Sous la dictature militaire (1964-1985), il a donc utilisé, plus que quiconque,allégories et la métaphores pour contourner la censure. Il est ainsi devenu un symbole de résistance intellectuelle. Des chansons comme "Apesar de Voce" ou "Cálice" (co-écrite avec Gilberto Gil) sont devenues emblématiques de cette lutte.

Son œuvre musicale est marquée par une grande diversité stylistique, intégrant samba, bossa nova, choro, jazz et influences européennes. Egalement écrivain à succès, il a notamment signé des ouvrages traduits dans plusieurs langues "Budapest" ou "Le frère allemand". Son tout premier roman "Estorvo" ("Embrouille" en français) publié en 1991 a été adapté au cinéma par Ruy Guerra 2000 et présenté au Festival de Cannes. 

Comme beaucoup d’autres artistes brésiliens (et même beaucoup plus que d’autres), Chico Buarque a vu bon nombre de ses chansons traduites en français. "O Que Sera?" a été magnifiquement adapté par Claude Nougaro sous le titre de "Tu verras" puis, quelques années plus tard, par Nicole Croisille. D’autres comme Georges Moustaki, France Gall, Pierre Vassiliu ou Dalida lui ont également rendu hommage. La palme du mauvais goût revient cependant à Sheila qui, à l’époque du yé-yé a osé transformer le déchirant "Fueral de um lavrador" (qu’on peut traduire par Funérailles d’un ouvrier agricole) en un iconoclaste et sautillant "Oh mon dieu qu’elle est mignonne". Sur les crédits de la pochette originale, preuve supplémentaire du peu de respect pour l’auteur, le lavrador de Buarque devient ainsi un Labrador !

(Stéphane Soupart - Photo : © Etienne Tordoir)

Photo : Chico Buarque sur la scène de Bozar à Bruxelles (Belgique) en avril 1987