En Turquie, fortes tensions après l’incarcération du rival d’Erdogan

Le soutien massif des partisans d’Ekrem Imamoglu, surtout à Istanbul ville où il est maire élu, n’a pas empêché le pouvoir d’Ankara de neutraliser le rival d’Erdogan. Inculpé pour "corruption", l’opposant a été incarcéré.

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan ne compte pas laisser la moindre chance à son rival Ekrem Imamoğlu, maire d’Istanbul depuis 2019. Ce chef du parti CHP, prêt à affronter le dirigeant autoritaire de la Turquie aux élections présidentielles de 2028, a été incarcéré ce dimanche 23 mars 2025 après son arrestation du mercredi 19 mars pour "corruption" et pour "aide à un groupe terroriste", comprenez le parti kurde PKK. 47 autres personnes ont subi le même sort pour les mêmes chefs d’accusation. Pour leurs partisans, tout cela n’est que manigance pour empêcher le politicien de gauche de 53 ans d’affronter Erdogan. D’ailleurs, l’arrestation du maire – suspendu de ses fonctions dans la foulée – a provoqué beaucoup d’émoi parmi une partie de la population avec des rassemblements, notamment sur la place Taksim.

Prise de contrôle

Son envoi en prison après 4 jours de garde à vue a encore galvanisé les opposants au régime d’Ankara. Le nombre de manifestants croît chaque jour depuis son arrestation du mercredi 19 mars. La tension était même extrême dimanche soir, car chaque manifestant risque l’arrestation. Les slogans étaient sans équivoques : "Droit, loi, justice", "Gouvernement démission", "N’aie pas peur". Dans la foule de nombreux jeunes qui disent vouloir sauver la démocratie turque. Pour eux, cette manœuvre d’Ankara est le signe du souhait d’Erdogan de faire de la Turquie une autocratie. "La Turquie court vers la dictature" ou encore "On s’est endormi en Turquie, on s’est réveillé en Russie" scandent opposants, manifestants et journalistes indépendants. Ils sont face à un pouvoir qui va installer un nouveau conseil municipal à Istanbul et qui espère que la tension retombe. Et pendant ce temps, le CHP a confirmé la candidature d’Ekrem Imamoğlu pour les élections.

(Olivier Duquesne – Sources : Le Soir & RFI – Picture : © picture alliance / Anadolu | Murat Sengul)