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Né un 13 février : Peter Gabriel, l’archange de Genesis innove toujours

  L’insaisissable artiste a vu le jour dans le Surrey (Angleterre) en 1950 et peut se targuer d’une carrière aussi protéiforme que foisonnante

   Par les hasards du calendrier, il partage la même année de naissance que le guitariste Steve Hackett (dont c’était l’anniversaire hier). Peter Gabriel a certes quitté Genesis quelques mois avant Hackett mais, ensemble, ils ont écrits les plus belles pages (parfois pompeuses d’ailleurs) du rock progressif anglais avec des albums comme "Foxtrot"", "Selling England By The Pound" ou "The Lamb Lies Down On Broadway". Si son ancien comparse a continué à naviguer dans les mêmes eaux, avec un certain brio, l’ex-archange Gabriel a préféré retrouver le plancher des vaches en repoussant cependant les frontières de la pop et du rock.

  Entre 1977 et 1982, l’artiste entame sa carrière solo en publiant quatre albums d’affilée portant chacun ses seuls prénom et nom de famille comme titre. Une idée à la fois géniale et incongrue que le département marketing de son label Charisma (le même que celui de Genesis) a certainement combattu de toutes ses forces. Tout en s’autorisant des escapades sur des terrains mélodiques plus périlleux, Peter Gabriel  réussit toujours l’exploit de sortir une poignée de chefs d’oeuvre de sa besace. Le guilleret "Solsbury Hill" et le bouleversant "Here Comes The Flood" en 1977. Le presque industriel "D.I.Y." et le dépouillé "Mother Of Violence" en 1978. L’anti-apartheid "Biko" et le somptueux duo avec Kate Bush "Games Withour Frontiers" en 1980. Sans oublier, bien entendu "Shock The Monkey" en 1982. 

  Après ce départ sur les chapeaux de roue immortalisé par "Plays Live" (1983), un des meilleurs enregistrements en public de l’histoire du rock, il adopte un rythme moins effréné et, comme à son habitude, débrousaille quelques chemins de traverse. Il commence par la musique de films notamment avec "Birdy" puis le controversé "The Last Temptation Of Christ" (1988) de Martin Scorsese. Plus que jamais, l’artiste revendique son statut d’esprit libre. 

  Il fonce ainsi son propre label Real World avec lequel il continue son exploration des musiques du monde. Ilprend son bâton de pélerin pour débusquer des talents aux quatre coins du monde.  Parmi des dizaines d’autres, je retiendrai le musicien ougandais Geoffrey Oryema. Si vous ne le connaissez pas, écoutez son "Makambo" sans attendre.

Au début des années 80, dans les environs de Bath où il a installé son studio d’enregistrement, Peter Gabriel porte aussi le WOMAD (World Of Music And Dance) sur les fonts baptismaux, un festival qui sert de caisse de résonance aux musiques hébergées sur le label Real World.

  Entre l’album "Us" (1992) et le longuement attendu "I/o" (2023), Gabriel a encore une fois emprunté des chemins de traverse sans nécessairement chercher à atteindre la perfection. En 2000, il ne pouvait évidemment pas refuser de participer au XXIème siècle naissant et au Dome inauguré à Londres pour l’occasion avec "OVO" et son chapelet d’invités comme Neneh Cherry, Richie Havens ou Liz Fraser. Comme la plupart des artistes de sa génération, il a aussi sacrifié de manière plus anecdotique à un disque de reprises ("Scratch My Back" en 2010) et à une interprétation symphonique de ses plus grands classiques ("New Blood" en 2011).

  De retour sur les planches en 2023 après une très longue absence, Peter Gabriel a prouvé qu’il n’avait rien perdu de sa générosité ni de son sens de l’humour. "En fait, je ne suis pas vraiment devant vous ce soir. Il s’agit d’un hologramme. Moi je me la coule douce sur une île paradisiaque" a-t-il déclaré au Sportpaleis d’Anvers (Belgique) en juin 2023…

(AK - Photo : © Etienne Tordoir)

Photo : Peter Gabriel sur la scène du festival de Torhout (Belgique) le 5 juillet 1987

AK

AK

Journaliste @tagtik FR - Music, cullture, festivals

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